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Gauche ouvrière et chrétienne
25 mars 2008

Les droits de l'homme, question secondaire en Chine

mardi 25 mars 2008   ouest - france

Les démocrates chinois ont leur place de la Bastille : la place Tienanmen où, le 4 juin1989, plusieurs centaines de manifestants furent tués par le pouvoir communiste. Une « Bastille » amère qui n'aurait pas été conquise, laissant la question des libertés en suspens dans cet immense et complexe pays.

La répression sanglante de Tienanmen eut pour effet la mise en place d'un embargo occidental sur les armes, toujours valide, malgré les efforts de certains pays, notamment la France, pour obtenir des assouplissements à cette mesure.

Pour le pouvoir chinois, forcément, la question des ventes d'armes n'a rien à voir avec celle des droits de l'homme. Un pouvoir qui n'appréhende pas la question des libertés à la manière européenne et dont les plus hauts responsables n'hésitent pas à expliquer, comme le fit le président Hu Jintao lors d'une visite en France, en 2004, qu'un pays de plus d'un milliard d'habitants, en pleine émergence, ne peut pas fonctionner comme un pays européen.

Cinq ans pour un slogan

En mai 2004, la Constitution de la République populaire fut amendée avec cette phrase : « L'État respecte et préserve les droits de l'homme. » Mais il faut dire que le Comité olympique international (CIO) avait attribué, en 2001, les Jeux olympiques de l'été 2008 à la Chine et que ce signe de bonne volonté ne fut guère suivi d'effets sur le terrain.

Selon Reporters sans frontières, « une trentaine de journalistes et une cinquantaine d'internautes sont actuellement emprisonnés, certains depuis les années 1980. Le gouvernement bloque des milliers de sites Internet d'informations [...] ». Les journalistes occidentaux ne peuvent pas se rendre au Tibet, ni dans la province du Xingiang (Turkestan chinois) où les Ouïgours musulmans sont persécutés. Un million de personnes seraient victimes de persécutions et nombre d'entre elles « seraient enfermées dans des camps ou hôpitaux psychiatriques » (Parlement européen).

Dernière affaire en date, la condamnation, hier, à cinq ans de prison, d'un ancien ouvrier d'usine, Yang Chunlin, 52 ans, qui avait fait diffuser une lettre ouverte sous le slogan : « Nous voulons les droits de l'homme, pas les Jeux olympiques. »

Balle dans la nuque

La justice de la province de Heilongjiang, où l'affaire a été jugée, annonce la nouvelle, sans sourciller, le jour où la flamme doit être allumée à Olympie. Les (futurs) revendeurs de billets au marché noir sont prévenus : ils risquent quatre ans « de rééducation par le travail ».

D'une manière générale, la « délinquance » est réprimée brutalement : « Plusieurs milliers de Chinois sont exécutés chaque année d'une balle dans la nuque ou d'une injection létale, en public, parfois dans les stades. » Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme, comme Human Rights Watch (HRW), ont beau jeu de rappeler que le pouvoir chinois s'était engagé à assouplir la censure pendant la période des Jeux olympiques. De fait, en 2007, de nouvelles libertés ont été octroyées aux correspondants étrangers, mais HRW estime, après enquête que toutes sortes d'obstructions continuent à être mises en oeuvre.

L'immense Chine peut-elle devenir une démocratie libérale ? La question paraît bien naïve dans ce pays immense où le pouvoir craint par-dessus tout les forces - minoritaires, ou libres de parole - qui pourraient briser l'unité du pays.

Jacques ROUIL.

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