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Gauche ouvrière et chrétienne
17 janvier 2007

Des boulots qui veulent notre peau

LES ACCIDENTS DU TRAVAIL SONT SOIT DISANT EN BAISSE.

CES STATISTIQUES SONT FAUSSEES CAR POUR AVOIR DROIT A ETRE RECONNU COMME ACCIDENTE DU TRAVAIL,IL FAUT QUE LE SALARIE LE PROUVE.

MAIS,LE PATRONAT FAIT PRESSION SUR CEUX QUI POURRAIENT TEMOIGNER QU'IL Y A BIEN EU ACCIDENT DU TRAVAIL ET CES MEMES PATRONS FONT PRESSION AUSSI SUR LES SALARIES ACCIDENTES .

POUR NE PAS FAIRE RECONNAITRE LES ACCIDENTS DU TRAVAIL,LES PATRONS SONT PRETS A DIRE QUE C'EST LA FAUTE DES SALARIES  ET LES PATRONS FONT TOUT POUR MINIMISER CE GENRE DE DECLARATIONS QUE SOUTIENNENT LES CAISSES REGIONNALES D'ASSURANCES MALADIES.

CREER UNE AGENCE INDEPENDANTE SUR LES ACCIDENTS DU TRAVAIL CELA EST BIEN MAIS DEJA QU'IL MANQUE D'INSPECTEURS DU TRAVAIL ,IL FAUDRAIT DONC AUGMENTER FORTEMENT LEURS NOMBRES.

ET SI DEJA ,IL Y AVAIT BEAUCOUP PLUS D'INSPECTEUR DU TRAVAIL,IL Y AURAIT PLUS DE RESPECT DE LA SECURITE DE LA PART DES PATRONS.

LE PRESIDENT DE LA G.O.C.


Des boulots qui veulent notre peau

Revue de détail des professions concernées par les accidents du travail les plus graves, BTP en tête. Entre règles de sécurité négligées et comportements à risques, litiges avec les patrons et retards d'indemnisations.

Par Frédéric PONS

QUOTIDIEN : lundi 15 janvier 2007

   

 

Ce jour-là, Mamadou M'Body, un intérimaire de 62 ans, pose des serrures sur les portes du rez-de-chaussée d'un immeuble en construction à Saint-Denis. Quatre étages plus haut, d'autres ouvriers montent un mur de cloisonnement en béton. Au sol, une ombre menaçante obscurcit la lumière. «Attention là-dessous !» Le premier réflexe de Mamadou M'Body est de prévenir un de ses copains du chantier de s'écarter. Celui-là en sera quitte pour une peur bleue. C'est le serrurier africain qui reçoit le mur sur la jambe. Elle est totalement écrasée : l'amputation est réalisée à l'hôpital Bichat dans l'heure qui suit.

 

 

«Je n'ai pas compris que mes patrons se rejettent la responsabilité : j'étais employé par un sous-traitant, qui travaillait lui-même pour un autre sous-traitant... Il y avait jusqu'à six sous-traitants sur mon chantier. Aucun n'a voulu reconnaître qu'il était responsable de mon accident», explique M'Body, six ans après les faits. Il lui faudra attendre le 9 février prochain pour connaître le montant de son indemnisation. Et sa prothèse définitive est arrivée ces derniers jours. «Sur ce chantier, il y avait un problème de conception du béton et un défaut de balisage, mais la multiplication des sous-traitants a fait que les mesures de sécurité qui auraient dû être prises pour respecter la réglementation ne l'ont pas été», explique maître Marie Rueff, avocate de Mamadou M'Body. Elle constate que le BTP représente plus de 50 % de ses contentieux avec les employeurs.

    Hémiplégique à vie

Même impéritie, même genre de punition dramatique pour Fernando Centurio d'Almeida, 48 ans au moment des faits. Le 5 juillet 1995, cet ouvrier travaille pour un sous-traitant de Solétanche, chargé du gros oeuvre d'un parking à Paris. Au fond d'un trou, il tombe : mâchoire cassée, plaie ouverte. Il faut attendre plusieurs heures à l'hôpital pour découvrir que sa chute l'a rendu hémiplégique à vie. «Un chantier comme ça aurait dû être sécurisé. Mais ça coûte trop cher au patron. C'est la faute au rendement», déplore aujourd'hui l'épouse de l'accidenté qui a été obligée de cesser de travailler pour s'occuper de son mari.

En octobre 2004, soit neuf ans plus tard, Fernando Centurio de Almeda est enfin indemnisé à hauteur de 60 000 euros tandis que la Solétanche écope d'une amende de 1 500 euros. «D'un côté, des tribunaux qui condamnent les entreprises pas trop sévèrement, et, de l'autre, des indemnisations faiblardes pour les accidents du travail. La nomenclature de la Sécurité sociale est beaucoup plus favorable aux indemnisations des accidents de la route qu'à ceux des accidents du travail. Les "points de préjudice" indemnisables sont alors plus nombreux que dans le cas d'interruptions temporaires voire définitives de travail», regrette maître Rueff.

    Sans gants ni masques

Si vous craignez pour votre peau, évitez le royaume des métiers à risques, dont le BTP occupe officiellement la première place incontestée depuis que la Sécu existe. Ce secteur cause 54,6 accidents pour mille heures travaillées, selon les chiffres du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam). Loin devant le suivant, l'improbable secteur des «services et du travail temporaire», qui représente 37,5 accidents pour mille heures travaillées. Au total, le nombre de décès enregistrés en 2005 pour cause d'accidents du travail était de 474 contre 626 en 2004, selon les derniers chiffres de la Caisse nationale d'assurance maladie.

Les ouvriers sur les chantiers ne sont pas les seuls à risquer gros dans leur travail quotidien. Petite revue non exhaustive de quelques métiers bien plus risqués qu'ils n'y paraissent. Il y a les agriculteurs, qui déplacent des produits chimiques ultratoxiques sans même s'équiper de gants ni de masques, ou qui se font écraser par leurs tracteurs (lire page suivante). Il y a les marins-pêcheurs, qui, outre le risque toujours très réel de sombrer avec leur bateau, peuvent à tout moment se blesser gravement sur le pont quand la mer se creuse. Et allez dire à un pêcheur boulonnais de mettre son harnais de sécurité pendant la pêche en Manche ou en mer du Nord, il vous enverra paître : «On a déjà le ciré sur le dos, s'il faut enfiler l'équipement de sécurité, on perd du temps pour ramener le chalut et on est moins mobile sur le pont», explique un vieux patron de pêche qui ne passe pas pour un casse-cou. Et que dire des employés des abattoirs ? Perchés à deux ou trois mètres du sol sur des plates-formes métalliques roulantes, ils manipulent des carcasses sanglantes en utilisant toute une panoplie de couteaux et de scies électriques qui pendent devant eux, à portée de mains et de blessures. «Ici, quand on se coupe, c'est toujours grave», remarque un boucher de l'abattoir Selvi près d'Alençon (Orne).

    «Parcours du combattant»

Pour faire baisser les statistiques des accidents et des maladies professionnelles d'ici à 2009, Gérard Larcher, le ministre délégué à l'Emploi, a présenté en février 2005 son plan santé au travail (PST). Le gouvernement a notamment prévu la création prochaine d'une agence indépendante chargée de la santé au travail, à l'image de celles qui existent déjà pour la sécurité alimentaire et pour l'environnement. «Tout ça c'est bien joli, mais il faut des moyens pour financer la création de postes d'inspecteurs et de médecins du travail», réclame la Fédération nationale des accidentés du travail et handicapés (Fnath).

Le plus préoccupant, aux yeux des syndicats, réside dans la «sous-déclaration» des accidents professionnels par les employeurs. Accusant les caisses régionales d'assurance maladie de se livrer à ce petit jeu, la CFDT estime que «tout est fait par les patrons pour que les accidents du travail ne soient pas déclarés. C'est un véritable parcours du combattant pour le salarié pour les faire reconnaître, alors que leur nombre et leur taux de gravité augmentent». Maître Rueff confirme. Même son de cloche à la CGT : «La baisse des accidents du travail déclarés vient de la pression directe sur les salariés, mais aussi de la stratégie de contestation systématique par les employeurs des accidents déclarés aux caisses d'assurance maladie.» En tout cas, après avoir atteint l'équilibre en 2006, la branche «accidents du travail» du budget de la Sécu devrait terminer cette année avec un excédent de 100 millions d'euros.

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