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Gauche ouvrière et chrétienne
20 décembre 2006

Captifs en barbarie (1)

    Captifs en barbarie (1)
   

    par François Régis Hutin

   

 

   

   

C'est une affaire abominable dans laquelle se trouvent embarqués, depuis sept ans, les infirmières bulgares et le médecin palestinien qui viennent à nouveau d'être condamnés à mort. C'est une affaire absurde. Qui peut croire, en effet, que ces soignants auraient pu inoculer le virus du sida aux enfants qu'ils étaient chargés de soigner ? Quel aurait pu être leur but ?

Depuis le début, on voit que le gouvernement libyen a essayé de détourner les oppositions qu'il ressent dans cette région vers un bouc émissaire. Il pense ainsi se concilier ses opposants en manifestant une pseudo-sollicitude envers la population comme s'il la protégeait ainsi. Cela, alors même qu'il a laissé se dégrader la situation des hôpitaux qui a entraîné cette épidémie de sida.

Les divers procès ont été inéquitables et injustes : les droits de la défense n'ont pas été respectés ; les expertises ultimes demandées n'ont pas été exécutées ; les études et rapports des plus grands spécialistes en ce domaine, tel le professeur Montagner, n'ont pas été pris en compte ; les travaux des revues scientifiques comme Nature, qui ont démontré que la contamination par le virus du sida avait existé avant l'arrivée des infirmières et du médecin, n'ont pas été retenus par les différentes instances judiciaires.

Tout démontre que le gouvernement libyen veut, depuis le début, cette condamnation à mort parce qu'il en espère un gain auprès de son opinion ; parce qu'il veut continuer à percevoir de l'argent comme il en a déjà reçu d'Europe à travers la prise en charge des enfants malades.

Odieux chantage

Le pouvoir libyen réagit à la manière des sultans de Meknès et autres satrapes de Tunis, de Tripoli, d'Alger qui, aux XVIIe et XVIIIe siècles, raflaient, avec leurs pirates, des hommes, des femmes, des enfants en mer ou sur les côtes d'Europe, jusqu'en Cornouaille, pour en faire des esclaves. Les missions envoyées pour leur rachat par les pays européens et par les Églises revenaient le plus souvent bredouilles. En effet, leurs interlocuteurs voulaient toujours plus d'argent, d'armes et d'autres avantages. Le gouvernement libyen semble véritablement agir de même. Il espère sans doute que, maintenant, l'Union européenne, les États-Unis accepteront mieux de payer encore plus cher pour obtenir leur libération.

Mais le gouvernement libyen fait un mauvais calcul. Au moment où il semblait être en passe de réintégrer la communauté des pays fréquentables, il va de nouveau être assimilé à un état voyou.

En même temps, il apparaît que les méthodes auxquelles ont recouru l'Union européenne et les États-Unis pour obtenir la libération de ces personnes ont été inefficaces. Peut-être avons-nous manqué d'énergie dans les protestations pour ne pas trop mécontenter un État qui fait figure de frontière vis-à-vis de l'immigration qui monte du sud de l'Afrique et traverse ce pays pour atteindre notre continent...

Aujourd'hui, sans plus attendre, il faut proclamer partout notre indignation et obtenir de nos gouvernants, en France et en Europe, qu'ils fassent ce qu'il faut pour imposer à la Libye, non seulement la grâce, mais la libération immédiate de ces nouveaux captifs en barbarie !

 

(1) Captifs en barbarie, histoire extraordinaire des esclaves européens en terre d'Islam, de Giles Milton. Éditions Noir sur blanc.

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