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Gauche ouvrière et chrétienne
16 avril 2008

Enseignants et lycéens main dans la main dans la rue contre Darcos

Entre 20.000 et 40.000 manifestants ont défilé à Paris ce mardi après-midi pour dénoncer les suppressions de postes et, pour les enseignants du primaire, la réforme des programmes.

Cordélia Bonal

LIBERATION.FR : mardi 15 avril 2008

Nouvelle démonstration de force cet après-midi pour le mouvement lycéen, qui prend de l'ampleur de semaine en semaine. A Paris, enseignants du secondaire mais aussi du primaire sont venus renforcer les rangs d'une nouvelle manifestation contre les 11.200 suppressions de postes dans l'éducation.

Le cortège, parti de la place de la République pour rejoindre la Nation, a rassemblé 40.000 personnes selon l'UNL (lycéens) et la FSU (enseignants), 20.000 selon la police. La manifestation parisienne de jeudi dernier, qui rassemblait des lycéens et des enseignants du second degré mais pas du primaire, avait réuni 35.000 personnes selon les organisateurs, 19.000 selon la police.

En tête de cortège, derrière un important service d'ordre, les lycéens ont une fois encore scandé «on n'est pas fatigué», brandissant des pancartes «le lycée n'est pas une entreprise» ou «lycéens à la rue, lycéens dans la rue». Comme lors des précédentes manifestations, les lycées de banlieue mènent les troupes. Le regroupement s'organise par départements: là des lycéens cherchent «ceux du 9-3», ici une banderole proclame «Le 92 dans la rue, Darcos t'es foutu».

«Darcos, rends-nous nos profs, nos classes et nos options», peut-on également entendre chez les enseignants de collèges et lycées, qui ont initié le mouvement mi-février.

De leur côté, les enseignants du primaire effectuent là leur retour sur le front de la contestation après une première mobilisation le 18 mars. Epargnés par les suppressions de postes, ils fustigent avant tout la réforme des programmes menée par le ministre de l'Education Xavier Darcos.

«Retour en arrière»

Professeur des écoles à Goussainville (Val-d'Oise) depuis trois ans, Christelle y voit «un retour cinquante ans en arrière»: «Ces programmes ne demandent plus aux élèves de réfléchir, ils ingurgiteront du savoir sans avoir à chercher par eux-mêmes.» Quant au retour de l'apprentissage de la politesse, elle préfère en rire: «Imposer le vouvoiement en CP à Goussainville, ça va être dur!»

Les nouveaux programmes seraient en outre trop difficiles pour les élèves: «Enseigner la division à des CE1, c'est tout simplement impossible», explique Elodie, qui enseigne à Sarcelles (Seine-saint-Denis).

Enfin, les programmes nouvelle version seraient aussi plus lourds, alors même que, dénoncent les enseignants, on s'achemine vers une suppression des cours le samedi matin. Les deux heures en moins seront certes compensées par des cours de soutien en semaine pour les élèves en difficulté, mais les enseignants sont loin d'être convaincus.

«Rajouter de l'école après l'école aux élèves en difficulté, qui se fatiguent déjà plus vite que les autres, non seulement ça ne résoudra rien, mais en plus ça les stigmatisera»,
estime Monique, professeur des écoles à Pantin (Seine-Saint-Denis). «C'est sur le temps de classe, en organisant des groupes de besoins, qu'il faut agir sur l'échec scolaire. Mais les moyens manquent.»

«On nous balance ça sans aucune concertation»

Autre grief adressé à Xavier Darcos, la mise en place des stages de remise à niveau pour les élèves de CM1 et CM2 pendant les vacances, dispensés par des enseignants volontaires et rémunérés en heures supplémentaires. «L'idée n'est pas mauvaise, mais on nous balance ça sans aucune concertation alors que cela entraînera un important surcroît de travail», dénonce Elodie, de concert avec ses collègues.

Une nouvelle journée de mobilisation lycéenne est prévue pour jeudi, à la veille des vacances en région parisienne. La trêve sur laquelle le ministre pouvait espérer compter s'annonce de courte durée: enseignants, lycéens et parents d'élèves ont déjà pris rendez-vous pour de nouvelles journées d'action les 15, 18 et 24 mai.

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