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Gauche ouvrière et chrétienne
14 mars 2008

Un procureur turc demande la dissolution du parti au pouvoir

Un procureur turc demande la dissolution du parti au pouvoir
ANKARA (Reuters) - Le procureur de la Cour d'appel turque a saisi vendredi le Conseil constitutionnel dans l'espoir d'obtenir la dissolution de l'AKP, parti du Premier ministre Tayyip Erdogan, qu'il accuse d'activités anti-laïques.

Selon la chaîne de télévision turque NTV, le procureur en chef de la Cour d'appel, Abdurrahman Yalcinkaya, a également demandé qu'une suspension pour cinq ans de la vie politique soit prononcée contre le président Abdullah Gül, Erdogan et d'autres hauts dirigeants de l'AKP (Parti de la justice et du développement).

Selon lui, la récente tentative du gouvernement pour autoriser le port du foulard islamique dans les universités et le durcissement des règles sur la consommation d'alcool constituent des atteintes à la laïcité.

"L'AKP est devenu un foyer d'activités contre la laïcité", peut-on lire dans la plainte déposée par le procureur, selon l'agence anatolienne de presse.

A l'issue d'une réunion d'urgence des cadres de l'AKP convoquée par Erdogan, le parti a diffusé un communiqué qualifiant la plainte de "grande honte".

"Une partie du pouvoir judiciaire ne devrait pas faire de la loi l'instrument d'une lutte de pouvoir. Dans ce cas, c'est la justice elle-même et la primauté de la loi qui en souffriront le plus", affirme le communiqué.

"La démarche du procureur de la Cour d'appel ne vise pas l'AKP, mais la démocratie turque et la volonté du peuple."

Abdullah Gül a indiqué ne pas pouvoir, en tant que chef de l'Etat, s'impliquer dans un débat politique, mais a jugé que la plainte pourrait nuire à la Turquie.

"Vu la large majorité détenue par l'AKP au parlement, nous devons nous demander ce que la Turquie a à gagner et ce qu'elle a à perdre dans une telle demande", a réagi Gül, cité par l'Agence de presse anatolienne.

RISQUE D'INSTABILITÉ POLITIQUE

L'AKP, parti d'inspiration islamiste, est en conflit avec les élites laïques judiciaires et militaires de Turquie depuis son arrivée au pouvoir en 2002. Accusé par les défenseurs de la laïcité de vouloir lever la séparation entre l'Etat et la religion, l'AKP assure ne pas gouverner suivant un programme islamiste.

L'Agence anatolienne indique que l'AKP devra présenter les premiers éléments de sa défense dans un délai d'un mois. Plusieurs membres du parti se sont dit choqués par cette plainte.

"C'est un événement vraiment choquant. Rien ne prouve que l'AKP soit hostile à la laïcité. Le parti et le Premier ministre ont affirmé à chaque occasion leur attachement à la laïcité", a déclaré Zafer Uskul, député de l'AKP, à l'antenne de la chaîne NTV.

"Il me paraît peu probable que l'AKP soit dissous, mais le seul fait de déposer une telle plainte est malheureux", a-t-il ajouté.

Le Conseil constitutionnel turc avait dissous il y a dix ans le Refah (Parti du bien-être), considéré alors comme islamiste.

"De récents changements dans la Constitution ont rendu beaucoup plus difficile la dissolution de partis politiques en Turquie", souligne Wolfango Piccoli, analyste pour l'Eurasia Group. "Même si l'AKP n'est pas dissous, l'affaire pourrait durer entre six mois et un an et ajouter à l'instabilité politique."

Version française Gregory Schwartz

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