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Gauche ouvrière et chrétienne
14 mars 2008

le Monde Le social s'immisce dans les législatives iraniennes

Article paru
le 13 mars 2008

Iran . Les électeurs sont appelés aux urnes demain pour un vote très « encadré » qui pourrait toutefois laisser percevoir un certain degré de mécontentement populaire.
Les électeurs iraniens ne se font pas d’illusions. Quel que soit leur vote, vendredi, date du scrutin législatif, la planète iranienne ne changera pas d’espace. Et pour cause. Les autorités ont multiplié les appels à la population pour qu’elle remplisse son devoir électoral, en insistant sur le fait qu’un taux élevé de participation serait la meilleure réponse à apporter aux « ennemis » de la République islamique. Même le président Mahmoud Ahmadinejad, en partance pour une visite au Sénégal, s’est dit « certain qu’une fois de plus le peuple iranien remplira pleinement son devoir ».

difficile de

se faire une idée sans débat

La campagne ès qualités aura été sans vrai relief car les quelque 4 500 candidats concourant pour les 290 sièges du Parlement n’ont pas été autorisés à utiliser d’affiches, à la différence des formations auxquelles ils sont affiliés. Difficile également de se faire une idée alors que les débats entre les responsables des différentes listes en présence se sont effectivement tenus mais qu’il n’y en a eu nulle mention dans les journaux télévisés. Les jeux semblent donc faits pour les réformateurs, déjà minoritaires dans le Parlement sortant, à la suite des coupes sombres effectuées dans leurs rangs par les organes, dominés par les conservateurs, chargés de valider les candidatures. Ces organes, et au premier chef le Conseil des gardiens de la Constitution, ont éliminé comme en 2004 plus de 2 000 candidats. Les conservateurs n’ont cependant pas ménagé leurs attaques contre leurs adversaires, accusés pour certains de travailler « au service de l’étranger ». Le député ultraconservateur Elias Naderan, a ainsi lancé à l’encontre de l’un des principaux réformateurs à la chambre, Noureddine Pir Mouazen : « Le Parlement n’est pas un endroit pour les espions et les demandeurs d’asile. »

Ali Khamenei, le guide suprême, a même attaqué les candidats jugés trop proches de l’ennemi. « L’une des indications qu’une personne n’est pas la mieux placée pour entrer au Parlement est quand elle n’établit pas une frontière nette avec l’ennemi et les marionnettes de l’ennemi », a dit la plus haute autorité de - l’État, citée par la télévision. Il semblait ainsi se référer à l’attaque lancée cette semaine par le quotidien ultraconservateur Kayhan contre un important dirigeant réformateur, Mohammad Reza Khatami, accusé d’avoir rencontré l’ambassadeur allemand à Téhéran Herbert Honsowitz.

L’inflation

est la première préoccupation

Il reste cependant l’acuité du dossier social. L’inflation est la première préoccupation des Iraniens, à en croire les deux principales coalitions réformatrice et conservatrice, qui ont placé ce thème en tête de leur campagne. Ces mêmes problèmes sociaux avaient été instrumentalisés en son temps par l’actuel président Ahmadinejad pour accéder au pouvoir, une bonne partie de l’électorat populaire ayant alors pris pour argent comptant les promesses du candidat ultraconservateur.

Les engagements sociaux n’ayant pas été tenus par l’équipe Ahmadinejad, le scrutin pourrait bien permettre de déceler le degré de mécontentement de l’électorat populaire. Y compris à travers l’ampleur du vote en faveur de députés, conservateurs mais critiques à l’égard de la position du président.

Pierre Barbancey
l'humanité

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