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Gauche ouvrière et chrétienne
25 février 2008

Les élections américaines, mode d’emploi

ARCHIVES HUMANITE.FR

715 super délégués vont-ils désigner le candidat démocrate aux présidentielles américaines à l’opposé des votes exprimés dans les primaires des cinquante Etats ?

Que la question puisse être posée et faire un début de polémique trace les limites du système de consultation qui s’est imposé aux Etats-Unis pour élire les délégués chargés en principe de choisir au cours d’une convention nationale celle ou celui qui sera présenté pour la course à la Maison Blanche.

L’intention des réformateurs qui ont relancé ce système depuis 1968 était de permettre aux adhérents de base, voire aux sympathisants indépendants, de participer aux débats, de faire part de leurs attentes et d’éviter que des élites établissent un programme qui ne tiennent pas compte de leur opinion. Ecartant ainsi les électeurs potentiels dans un pays où près de la moitié ne votent pas et conduisant à des défaites certaines. Tel est le principe, qui voudrait que ce ne soit pas les dirigeants du parti qui choisissent leur candidat mais les militants. La consultation , chez les Démocrates ou les Républicains,se fait sous la forme de multiples débats aboutissant à un vote final ,la primaire ,ou à une assemblée, le caucus, où le partage s’effectue directement dans le bureau de vote, selon un rite qui place les partisans en colonnes choisies.

Les délégués sont élus proportionnellement à la population de chaque Etat. Quatorze Etats organisaient en 1968 ces consultations qui se sont généralisées aujourd’hui. Quoi qu’il en soit du détail des procédures, les primaires sont une occasion de s’exprimer sur la politique suivie les quatre années précédentes et de faire surgir des courants d’idées et de revendications, face aux programmes présentés par les candidats à l’investiture de leur parti. Les délégués sont des dirigeants locaux, des élus, des militants engagés dans telle ou telle tendance, ou clan partisan.

Mais la désignation du candidat démocrate dépend également du vote des super délégués, instaurés en 1980, qui eux ne sont pas élus dans les primaires, car ils détiennent un mandat de droit. Ce sont les « dirigeants distingués du parti », Anciens présidents, comme Bill Clinton Jimmy Carter,ou vice président comme Al Gore. Les 24 gouverneurs, des députés, sénateurs, membres du parti désignés par les directions locales font parti de ce groupe influent.

Lorsque, comme il est probable avec Barack Obama et Hillary Clinton, deux candidats se présentent à la Convention nationale, il est possible que les super délégués aient un poids décisif et exorbitant. En Californie, 360 délégués représentent 4,5 millions d’électeurs. Alors que 66 super délégués, note le « Los Angelès Times » auront autant de poids.

Le système aurait été introduit à la suite de la défaite de Walter Mondale ; le candidat choisi par la base en 1972. Il a été mis en place pour contrôler et modifier au besoin les résultats des primaires, selon les intérêts des clans en présence, la procédure l’emportant sur le fond .

Cette année, Hillary Clinton comptait jusqu’à récemment une majorité de super délégués qui pourraient faire pencher la Convention en sa faveur, si aucun des deux candidats n’obtient une majorité absolue . Ce qui serait le moyen de contourner l’opinion qui a fait jusqu’ici son favori de Barack Obama. D’où le début de polémique. La présidente Démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a estimé que ce serait une erreur de la part de super délégués d’ignorer le vote populaire ». Il y aurait un danger d’éclatement du parti Démocrate.

Ce système de désignation est un prolongement de l’ idéologie de « l’individu triomphant » , chère à Ronald Reagan, face à la corruption symbolisée par Washington,le centre du pouvoir ,dans un pays où le record des dépenses de campagnes électorales va être encore pulvérisé cette année malgré les règles censées les limiter .

Les primaires, adoptées pour les mêmes raisons par les Républicains, montrent les limites du modèle d’une « démocratie de proximité » sous influences des grands fournisseurs de fonds aux caisses électorales et des médias nationaux, qui continuent à jouer un rôle essentiel lorsque 22 Etats sont consultés le même jour, le Super Tuesday. Malgré la multiplication des moyens d’échanges d’informations et de débats offerte par Internet. Le suffrage universel ne connaît pas de règles accordant en fait une égalité de droit à chaque citoyen.

J.C.

Lire : Les élections présidentielles et législatives aux Etats-Unis : entre paradoxes et paralysie .Vincent Michelot. Les Etats-Unis, ouvrage collectif sous la direction de Denis Lacorne.

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