Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Gauche ouvrière et chrétienne
13 février 2008

TIMOR-ORIENTAL • Un jeune pays face à une nouvelle épreuve

La tentative d'assassinat du président et du Premier ministre timorais aggrave l'instabilité de cette jeune nation. Une situation que la population, déjà appauvrie par un chômage massif, risque de payer au prix fort. C'est en tout cas l'avis de ce Timorais qui, bouleversé, prend la plume dans un quotidien indonésien.
La nouvelle reçue par SMS, le lundi 11 février à l'aube, était terrifiante : "Ramos Horta s'est fait tirer dessus devant sa maison." Y croire ou ne pas y croire ? Pour vérifier l'information, je suis allée sur Internet. Et c'était bien vrai, "Ramos Horta a été blessé dans une attaque par des rebelles", écrivait l'agence Reuters. L'assaut avait été mené par Alfredo Reinado, qui a été tué dans le feu de l'action.

Au même moment, selon la Télévision portugaise, un autre groupe de fidèles de Reinado attaquaient la résidence du Premier ministre, Xanana Gusmão. Mais ce dernier a réussi à s'échapper. Pourtant, la veille, le représentant spécial de l'ONU, Atul Khare, annonçait que la situation dans le pays était stable et que les menaces dans le domaine de la sécurité étaient très faibles.

L'ancien chef de gouvernement, Mari Alkatiri, a déclaré que cette violence était d'autant plus déplorable que les choses avançaient de façon positive. En 2006, Alkatiri avait été lui-même victime d'une tentative de coup d'Etat orchestrée par le même Alfredo Reinado. Après avoir été arrêtés et considérés comme des ennemis de la nation, Reinado et son groupe de militaires ont réussi à s'évader et à fonder une guérilla dans la forêt. Depuis lors, Reinado a plusieurs fois échappé aux coups de filet des troupes australiennes.

Le Timor-Oriental est un petit pays bénéficiant d'une réputation mondiale parce que deux de ses concitoyens [Ramos Horta et l'évêque Carlos Belo] ont reçu le prix Nobel de la paix 1996. L'ironie, c'est qu'après s'être séparée de l'Indonésie, cette jeune nation n'a pas réussi à instaurer la paix à l'intérieur de ses frontières. Des opposants ont même été jusqu'à déclarer qu'il faudrait que les deux Prix Nobel, incapables de faire régner l'ordre, rendent leur trophée.

Dans un DVD diffusé dans tout le pays, Reinado accusait le Premier ministre Xanana et le président Ramos Horto d'être responsables des émeutes d'avril et de mai 2006, qui ont fait 37 morts et eu pour conséquence l'exode d'au moins cent mille réfugiés qui, à ce jour, n'ont toujours pas regagné leur domicile.

Il s'agissait, explique-t-il dans ce DVD, d'une tentative de renversement du Premier ministre Alkatiri organisée par l'ancien Premier ministre australien John Howard. La raison ? Alkatiri s'opposait aux appétits australiens quant au gisement pétrolier offshore de Greater Sunrise dans la mer de Timor.

Cet incident risque de provoquer un effet domino et d'aviver la haine entre les soutiens de Reinado – en particulier dans la région occidentale du pays appelée Loromonu –, qui ont perdu leur leader, et le reste des forces politiques du pays.

De l'autre côté, principalement parmi les fidèles du Front révolutionnaire pour l'indépendance du Timor-Oriental [Fretilin, la principale formation politique timoraise], on va se féliciter de la mort de Reinado. Cela dit, cette instabilité politique ne fera qu'aggraver la vie des petites gens, dont 70 % sont au chômage. Les Timorais, majoritairement catholiques, feraient bien de s'éloigner de la violence et d'appliquer les enseignements du christianisme qui prêchent l'amour de son prochain.

Florencio M. Vieira
Kompas

Courrierinternational.com

Publicité
Commentaires
Publicité