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Gauche ouvrière et chrétienne
22 janvier 2008

Banlieues : ce qui a changé à Clichy et Montfermeil

Dés qu'il y a des élections ,Sarkosy croit bon d'aller faire un tour dans les banlieues.

Mais ,les habitants des banlieues ne sont pas dupes.

Il essaye de regagner de l'électorat.

Mais,il a pu voir ,ou savoir que dans certaines ville des gendarmes,des policiers ont continué à animer un centre de loisir jeunesse malgrès que Sarkosy les avait supprimé.

Le Président de la G.O.C.

Nicolas Sarkozy a fait une incursion, hier soir, à Sartrouville. Fadela Amara dévoile aujourd'hui les grandes lignes de son « Plan banlieues ». À Clichy-sous-Bois et Montfermeil, théâtres des premières émeutes de 2005 en Seine-Saint-Denis, ça bouge enfin.

Enquête

La secrétaire d'État à la Ville, Fadela Amara, présente son « Plan Banlieues », ce matin, à Vaulx-en-Velin (Rhône) : « 50 quartiers prioritaires », une dotation d'« un milliard d'euros ». Plan retardé et très éloigné du « Plan Marshall » promis par le candidat Sarkozy. Le chef de l'État a fait une visite éclair, hier soir, à Sartrouville, et interviendra le 8 février sur la question.

À Clichy/Montfermeil, deux ans et demi après les émeutes qui avaient suivi la mort de deux adolescents, électrocutés en fuyant la police, c'est toujours la même désolation. Et puis, en y regardant de plus près, on s'aperçoit que ça bouge. Imperceptiblement. Des barres se vident avant d'être démolies. Des immeubles entrent en construction. Surtout, les esprits ont changé. Le Collectif AC-LEFEU, qui incite les jeunes à se prendre en main et à s'inscrire sur les listes électorales, semble être entendu. « Ils ont une soif de s'engager, de reconnaissance, ils font leur apprentissage et sont parfois maladroits », témoigne une élue de Montfermeil.

Police : un commissariat... en 2010

Fin novembre, les incidents de Villiers-le-Bel ont fait passer un frisson de « trouille » sur Clichy/Montfermeil. Hormis quelques voitures brûlées, la casse a finalement été limitée.

« Beaucoup de parents ont retenu leurs gosses. Les gens en ont ras le bol que, lorsqu'il se passe quelque chose dans la rue, c'est toujours la violence. » Les rapports avec la police restent compliqués. Curieux mélange : à la fois la crainte de ce que sont les policiers et la peur de ne plus être protégés. « On les appelle, dit une femme, ils mettent des plombes à venir. » Le commissariat, réclamé depuis des années, sera opérationnel en 2010 au plus tard, rond-point des Libertés, face à un McDo, à la limite de Clichy et de Montfermeil.

Police de proximité « en version allégée »

Revoilà aussi la police de proximité. Ici, elle était plutôt appréciée. Xavier Lemoine, maire UMP de Montfermeil, n'a jamais manqué une occasion de le rappeler à Nicolas Sarkozy. Elle revient donc. « En version allégée, craint Olivier Klein, premier adjoint socialiste de Clichy. Une dizaine de policiers contre quarante auparavant. » Mais la police de proximité a-t-elle jamais disparu des Bosquets ? Depuis 1990, en plein coeur du quartier, une poignée de policiers anime un Centre loisirs jeunesse (CLJ) qui a essuyé - sans casse - toutes les averses émeutières.

En dix-sept ans, toute l'élite du quartier est passée par ce centre, menacé de disparition par Nicolas Sarkozy en 2005. Mais, chut ! n'en parlez pas trop, de peur que ça se sache en haut lieu où cette réussite ne colle pas avec la doctrine de sécurité en vigueur !

Logement : 1 600 seront détruits, 1 600 construits

En mai, débutera la reconstruction du gymnase Armand-Desmet. Il avait été incendié lors des émeutes de 2005. Réouverture prévue en septembre 2009. Tout un symbole, cette renaissance ! Plus haut, sur le plateau, les zones boisées à la lisière des deux communes viennent d'être défrichées. Ici, une première tranche d'une centaine de logements sociaux sortiront bientôt de terre. Là, un panneau annonce la construction d'une grande mosquée de 1 500 places pour remplacer les lieux de culte improvisés dans les caves. Un chantier de cinq millions d'euros collectés auprès des fidèles.

Le Plan de rénovation urbaine de Clichy/Montfermeil entre dans sa phase active. Le PRU « le plus important, le plus complexe de France », disent les deux maires. Plus de 500 millions d'euros, 1 600 logements condamnés à la destruction, autant prévus à la construction (logement social et accession à la propriété). Un chantier qui se poursuivra jusqu'en 2015 et va remuer en profondeur la sociologie de ces quartiers.

« Aujourd'hui, la traduction de la réussite sociale, c'est de quitter ces quartiers. Et ceux qui partent sont remplacés par des populations qui démarrent de zéro », analyse Malik Moussaoui, directeur de la Mission locale. L'objectif est d'inverser la tendance, de casser les ghettos, d'injecter de la mixité urbaine, de « pouvoir garder aussi les Clichois qui vont bien, de stabiliser la population et, pour cela, tenir tous les bouts en même temps : boulot, transport, logement. »Rien n'est simple. Prenons l'exemple de La Forestière, 508 logements, ses parties communes dégradées, ses factures d'eau et d'entretien non réglées (plusieurs millions d'euros), sans doute la copropriété la plus endettée de France. La Forestière, ses propriétaires, ses locataires, ses marchands de sommeil. Le PRU y rachète les appartements au prix du marché local, plutôt bas : pas plus de 700 € le m2 pour un appartement en très bon état. Beaucoup ont le sentiment d'être spoliés. Et des dossiers atterrissent devant la justice. Près de 80 rien qu'à Montfermeil.

Transports : toujours à une heure et demie de Paris

Les femmes de Clichy et Montfermeil qui partent faire des ménages à Paris sont courageuses. Elles doivent toujours sortir vers 5-6 h du matin, marcher vers le bus, prendre le RER au Raincy, finir en métro. Plus d'une heure et demie pour parcourir les quinze petits kilomètres qui les séparent de Paris comme de Roissy ou Marne-la-Vallée, les deux autres viviers d'emplois.

Cette réclusion est l'un des handicaps majeurs de Clichy-sous-Bois et Montfermeil. Deux ans après le choc de 2005, une solution enfin se profile : le prolongement de la ligne hybride tramway-train qui relie six communes de Bondy à Aulnay-sous-Bois et passe non loin de là, à Livry-Gargan. Cela diviserait par deux le temps des trajets sauf que...

La ligne a été mise en service fin 2006... en ignorant superbement Clichy et Montfermeil à cause de l'hostilité des villes voisines et notamment de Livry-Gargan. La Région a fini par donner son feu vert, fin 2007, mais le financement n'est pas inscrit dans le contrat État-Région 2007-2013 et il faut compter au moins cinq ans de travaux pour monter la ligne sur le Plateau. Dans l'immédiat, le service des bus a été amélioré, on réfléchit à une ligne directe vers Roissy, mais, pendant plus de cinq ans encore, au moins, les deux villes ne vont pas pouvoir retenir les habitants sortant de la misère ni attirer des classes moyennes d'ailleurs, bref passer du ghetto à la mixité sociale.

École : des cerveaux sortent du ghetto

Trois bacheliers 2007 font la fierté du lycée Alfred-Nobel. Ils sont entrés à Sciences-Po Paris. Nouha, notamment, la voilée et brillante Nouha, qui a présenté un solide dossier sur le nucléaire en Iran : 45 minutes sans notes...

Daniel Peltier, le proviseur, et ses 110 profs s'emploient ainsi à sortir les 1050 jeunes cerveaux de leur ghetto. Depuis deux ans, les anciens énarques et autres grands esprits de « Réussir aujourd'hui » musclent la culture générale des bons élèves de première et terminale ; les polytechniciens de « Tremplin » dopent le savoir de jeunes scientifiques ; en « seconde expérimentale », des profs de diverses disciplines ouvrent les élèves à la complexité en croisant leur regard sur un thème : la ville, le corps... Des tuteurs, des cadres de Bouygues, IBM, Technip, Total, initient 150 élèves au monde de l'entreprise. Etc.

Une dynamique s'est créée. Les résultats au bac progressent, sont corrects : 91,7 % en L ; 78,5 % en ES ; 70,4 % en S. Il y a de l'espoir. Mais, passé le lycée, les jeunes censurent leurs ambitions, faute d'argent ou de transport pour rejoindre les BTS ou IUT, ce dont souffrent avant eux les jeunes partis sur des formations courtes après la 3e.

L'abandon de la carte scolaire, surtout, rend Daniel Peltier « inquiet pour la rentrée prochaine ». Le lycée, très sécurisé, contient la violence extérieure nourrie de trafics en tout genre mais cet environnement inquiète les parents. « Si 5 % de nos meilleurs élèves partent, notre image va totalement changer », s'alarme Daniel Peltier. Y aura-t-il alors d'autres Nouha ? En banlieue, un faux pas peut ruiner des tonnes d'efforts.

Emploi : l'horizon reste bouché

Le travail, tout passe par le travail, dit-on partout. Et, là-dessus, rien n'a changé. Toujours plus de 50 % de chômeurs à la Forestière, au Chêne-Pointu... Il y a les ménages à Paris en se levant tôt ; le petit commerce sur les marchés, ici très vivants comme dans les pays du sud et, finalement, l'économie souterraine : les petits boulots au noir et les plus ou moins gros trafics.

La vieille zone franche n'est plus d'aucun recours, elle est remplie depuis longtemps de petites entreprises de service à deux ou trois emplois. Il faudrait pouvoir en attirer des grosses, des vraies mais rien ne changera, pour ça comme pour le reste, tant que Clichy et Montfermeil resteront enclavées.

Dans l'immédiat, le plus gros espoir est le Programme de rénovation urbaine, le bâtiment (lire plus haut). Dans les appels d'offres, 5 % des heures sont réservées aux habitants ; plus tard, pour la sécurité et l'entretien, ce sera même 10 %. « Mais il faut que les entreprises s'organisent pour intégrer ces jeunes en difficulté sinon ils ne tiendront pas, prévient Malik Moussaoui, le directeur de la Mission locale, et le sentiment de rejet, d'isolement s'aggravera dans la population. »

Textes Marc PENNECet Michel ROUGER.Photos Claude Stéfan.

mardi 22/01/08

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