Lille - Une jeune Rom trouve la mort dans l’incendie de sa baraque de fortune

La Voix du Nord - Edition web du dimanche 23 décembre 2007

C’est un bâtiment désaffecté, à l’entrée de Lille-Sud ; dans l’indifférence quasi générale est décédée, ce dimanche 23 décembre, une jeune femme de 26 ans. Daniela vivait là, comme une petite centaine d’autres personnes, des Roms qui ont quitté la Roumanie en quête de jours meilleurs.

Dans cet ancien magasin de meubles – qui accueillera bientôt la chambre de métiers -, sept familles avaient construit des baraques de fortune. Le confort y était aussi rudimentaire que dans le mini-bidonville extérieur, mais, au moins, ils avaient un toit au-dessus de la tête.

L’incendie s’est déclaré en fin de matinée dans le coin cuisine ; c’est un commerçant, voisin du camp, qui a prévenu les secours. Grande est l’agitation quand les sapeurs-pompiers arrivent sur place : des enfants manquent à l’appel, on craint évidemment le pire pour la jeune femme, handicapée, qui est encore à l’intérieur. Son corps sera emmené à l’institut médical un peu avant 14 h.

Une fois les flammes maîtrisées, il a fallu aux soldats du feu lutter contre un autre ennemi : l’amiante ; le bâtiment en est rempli. C’est le visage masqué que les Roms ont finalement été autorisés, petit groupe par petit groupe, à pénétrer à l’intérieur pour récupérer ce qui n’a pas été croqué par l’incendie.

L’hébergement d’urgence, au cœur de l’actualité lilloise depuis le début de la semaine, est brutalement revenu sur le devant de la scène : il a fallu, à la municipalité et aux services de la préfecture, trouver un toit pour les trente-cinq personnes dont l’abri de fortune venait de partir en fumée.

En fin d’après-midi, le préfet de police a décidé d’augmenter la capacité d’accueil à l’auberge de jeunesse, déjà réquisitionnée depuis lundi dernier, pour accueillir d’autres Roms, récemment expulsés. C'est la ville de Lille qui a mis un de ses bus à la disposition des familles et la Croix-Rouge qui a géré leur accueil : ils étaient plus de 130, ce dimanche soir, à y être hébergés. « Nous avons assisté à l'incurie de l'Etat », regrettait Martine Aubry, en début de soirée. Le drame s'est déroulé sur un terrain privé : le premier magistrat lillois avait imaginé que les représentants de l'Etat seraient plus nombreux sur place. La maire de Lille ne manquera pas de rappeler au préfet qu'il s'est engagé à trouver une solution dans les plus brefs délais (ce lundi ?).

Ironie du sort, pendant que Daniela trouvait la mort dans cet incendie, le père Philippe Maillard appelait, depuis l’église Saint-Pierre-Saint-Paul de Wazemmes, à avoir une pensée pour les sans-abris en général et les Roms en particulier. Une homélie partagée avec tous les téléspectateurs de France 2, la messe de Noël y étant retransmise en direct. •


EMMANUEL CRAPET