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Gauche ouvrière et chrétienne
18 décembre 2007

L'argent de la paix en Palestine

Tel un énorme Téléthon politico-humanitaire, les promesses d'aide à l'Autorité palestinienne ont afflué, tout au long de la conférence, qui réunissait, hier, à Paris, 70 États et organismes donateurs. Avec plus de sept milliards de dollars totalisés à la fin de la journée, la communauté internationale crève le plafond des prévisions. Elle veut prouver qu'elle met le paquet pour donner toutes ses chances à la création de l'État palestinien indépendant.

Ces engagements, qui restent à confirmer, interviennent un mois après la rencontre d'Annapolis (États-Unis), où Israéliens et Palestiniens ont officiellement renoué le dialogue, après sept ans d'interruption du processus de paix. Entre l'objectif politique de parvenir à un accord, avant la fin de 2008, et la nécessité d'éviter l'effondrement économique total de l'entité palestinienne, le lien est évident. Quelles seraient les chances d'existence et de survie d'un État dont les citoyens manqueraient de tout ; dont les entreprises ne pourraient ni importer ni exporter ; un État incapable de payer ses 160 000 fonctionnaires ?

Telle est déjà la misère dans laquelle se trouve l'Autorité palestinienne. Tel est déjà ce à quoi les donateurs du monde entier s'efforcent de parer depuis des années. Dans la bande de Gaza, désormais contrôlée par les islamistes du Hamas, la survie du million et demi d'habitants dépend presque exclusivement de l'assistance humanitaire internationale. Avec un milliard d'euros en 2007, l'Union européenne et ses pays membres arrivent largement en tête du soutien aux Palestiniens.

Mais distribuer de l'argent ne suffit pas. Encore faut-il que ce ne soit pas à fonds perdus. Aider le gouvernement palestinien à verser les salaires ne ferait qu'entretenir une situation de dépendance, si les conditions d'une reprise économique n'étaient pas réunies. Or, elles ne le sont pas. Le plan sur trois ans présenté par Salam Fayad, Premier ministre intègre et compétent, est grevé d'avance par un déficit budgétaire abyssal. Toute la difficulté sera de canaliser une partie de l'aide vers les infrastructures et les investissements productifs.

Ce n'est pas impossible. Mais cela dépend, pour une part essentielle, de la volonté israélienne de donner aux Palestiniens un environnement propice à la relance économique. Comment ces derniers pourraient-ils retrouver un semblant de croissance, alors que des centaines de barrages militaires entravent la liberté de circulation des hommes et des marchandises en Cisjordanie et que la bande de Gaza est totalement verrouillée de l'extérieur ? Alors que les routes réservées aux colons israéliens découpent le territoire palestinien en parcelles isolées les unes des autres et que la barrière de sécurité asphyxie les localités qu'elle ceinture ?

Mahmoud Abbas est si affaibli qu'il a autant besoin de réussite politique que d'argent pour ne pas être balayé par le désespoir et la colère de son peuple dont les islamistes du Hamas tirent profit. Le succès du président palestinien poindra le jour où ses compatriotes sentiront que l'étau israélien commence à se desserrer. Mais il va de soi que cela n'adviendra que si peut être garantie la sécurité des Israéliens. Cet objectif paraît hors de portée, dans la mesure où les fusées Qassam partent d'un territoire qui échappe à l'Autorité palestinienne. À moins que le double engagement, financier et politique, de la communauté internationale finisse par rendre aux habitants de Gaza, comme à ceux de Cisjordanie, l'espoir de vivre.

Joseph LIMAGNE.

ouest - france   18/12/07

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