Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Gauche ouvrière et chrétienne
24 novembre 2007

Thibault, Chérèque, Mailly : les leaders déjà dans l’après-conflit

François-Xavier Bourmaud
23/11/2007 | Le Figaro

La CGT, premier syndicat à la SNCF, détenait la clé de la crise, quitte à éclipser les autres centrales. La CFDT déplore une «prime au conflit » et FO réserve ses forces pour les réformes à venir.
Artisans de la sortie de crise, le patron de la CGT risquait gros et a fait preuve d’habileté tandis que Chérèque (CFDT) restait en retrait et que Mailly (FO) se faisait oublier.
CGT. De l’avis de l’ensemble des organisations syndicales, c’est Bernard Thibault qui détenait la clé de sortie du conflit. En l’utilisant à la veille du début de la grève, le secrétaire général de la CGT a joué un coup risqué et subtil, mais un coup gagnant. Risqué d’abord car l’ouverture à la négociation a fortement déplu au sein des cheminots cégétistes, incitant certains à durcir le mouvement et repoussant les plus durs vers les positions de SUD. Subtil ensuite car en acceptant le dialogue, Bernard Thibault a évité l’écueil d’enfermer l’ensemble de la CGT dans une revendication catégorielle propre aux seuls cheminots. Gagnant enfin car au bout du compte, la Confédération apparaît comme l’artisan de la sortie de crise et revendique une image de syndicat responsable. Sa parole dans les réformes à venir pèsera d’autant plus lourd.

CFDT. Très vite partisan d’une sortie de crise négociée par le dialogue, la CFDT est prodigieusement agacée par l’attitude de la CGT qui, en attendant le dernier moment pour jouer l’ouverture, a relégué au second plan l’attitude conciliante de François Chérèque. Une position que les cheminots n’ont d’ailleurs pas hésité à lui faire payer en le sifflant pendant la manifestation pour le pouvoir d’achat. Troisième syndicat à la SNCF, la CFDT ne tenait certes pas le rôle principal mais en interne, on déplore «la prime au conflit» accordée à la CGT.

Au bout du compte, la CFDT ne sort ni abîmée ni renforcée de cet épisode. Elle a joué sa partition traditionnelle, mais sur une musique qui ne lui permettait pas de s’illustrer en solo.

Force ouvrière. Difficile d’éviter la comparaison avec 1995, quand Marc Blondel, alors secrétaire général du syndicat, s’affichait tonitruant en tête des manifestations et en couverture des magazines. Rien de tel cette année où dans les cortèges et sur les plateaux de télé, Jean-Claude Mailly a joué profil bas.

Pour comprendre l’effacement de FO, il faut se replonger dans le dernier congrès du syndicat. Abandonnant implicitement la défense des régimes spéciaux, Jean-Claude Mailly avait appelé ses militants à «bloquer le compteur à 40 ans» de cotisations plutôt que d’essayer de le faire descendre. Absent de cette crise, FO a en fait réservé ses forces en évitant une crise interne. Proche des positions intransigeantes de SUD, FO-cheminots n’aurait sûrement pas apprécié que la confédération adopte une position conciliante dans ce conflit. Or un autre combat syndical se profile en 2008 : le rendez-vous retraites fixé par la réforme de 2003 pour les salariés et les fonctionnaires. Nul doute que le syndicat se montrera nettement plus actif si le gouvernement propose de passer à 41 ans de cotisations.

SUD. En regard de ses revendications, le syndicat a perdu la bataille. Les régimes spéciaux seront réformés et la durée de cotisation passera de 37,5 à 40 ans, ce que SUD contestait fermement. Mais il n’est pas dit que le syndicat ne profitera pas de cette crise, en récupérant dans ses rangs les militants déçus de la CGT ou d’autres centrales syndicales jugées trop conciliantes. La ligne dure défendue par Christian Mahieux tout au long du conflit pourrait en effet en séduire certains, comme en 1995 lorsque les durs de la CFDT-cheminots avaient quitté le syndicat pour fonder SUD-rail.

CFTC et CGC. Inutiles les petites centrales ? À l’évidence, ce conflit n’était pas le leur. Tout juste ont-elles contribué à faire baisser la pression après l’ouverture de la CGT. N’étant pas en position de force dans les entreprises concernées, elles ont accompagné le conflit, sans jouer de rôle déterminant. Reste qu’en regard des réformes à venir – marché du travail, retraites… – elles seront incontournables si le gouvernement cherche à obtenir l’accord le plus large possible.

Publicité
Commentaires
Publicité