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Gauche ouvrière et chrétienne
23 août 2007

Une vérité qui dérange

    

Nous l'avons appris dès l'école primaire : la Terre n'est pas le centre du monde comme on le croyait jusqu'à ce que Copernic élabore sa théorie, elle tourne autour du soleil.À l'époque une vérité si dérangeante mit du temps à s'imposer et Rome, la jugeant hérétique, somma Galilée de ne plus la professer. Il dut abjurer non sans avoir, dit-on, prononcé ces paroles demeurées célèbres : « Et pourtant, elle tourne ! ».Parmi les vérités qui aujourd'hui dérangent, il en est une - elle a semble-t-il fortement inspiré le film d'Al Gore (1) - qui mérite une attention toute particulière. Loin de n'être qu'une planète constituée d'éléments naturels présents sous forme solide, liquide ou gazeux, la Terre est vivante !Il convient même de la considérer comme un « être » à part entière. Un « être » soumis à de multiples déterminismes physico-chimiques mais qui, de surcroît, obéit à des effets de synergie et à des mécanismes vitaux extraordinairement complexes, encore bien mal connus, et qui lui ont permis, jusqu'ici, d'évoluer et de s'autoréguler.Cette idée promue sous le nom de « Gaïa » par le savant anglais James Lovelock n'a cessé, depuis la fin des années soixante, de progresser et de s'enrichir, intégrant l'espèce humaine et son corps social « l'humanité » comme éléments constitutifs de l'ensemble.L'homme, une espèce particulière dont les capacités à interférer sur les équilibres naturels n'ont cessé de croître, les mettant en péril ainsi qu'en témoignent les effets de nos rejets de gaz carbonique sur le climat...Le concept « Gaïa », parce qu'il oblige l'homme à considérer la Terre comme un organisme vivant avec ses métabolismes, ses rythmes, sa vulnérabilité aussi... dérange.Il dérange tout particulièrement - et selon nous dérangera de plus en plus - tous les chantres de la « croissance » et leurs adeptes. Une « croissance » élevée aujourd'hui au rang de dogme par notre société de consommation et que l'on présente comme synonyme de développement et de progrès.Ce nouveau concept conduit à dépasser les seules considérations d'ordre économique sur le caractère limité des ressources. Il oblige à tenir compte d'une tout autre dimension des problèmes auxquels l'humanité se trouve confrontée, à savoir la vulnérabilité des équilibres naturels sur lesquels repose la vie même : celle de la planète Terre et celle de toutes les espèces qui la peuplent.Car elle vit notre planète ! S'en rendre compte et en tirer vraiment toutes les conséquences doit conduire à un changement en profondeur de notre relation au monde. Il s'agit là d'un changement du même ordre que celui qu'entraîna la révolution copernicienne...Il nous conduira, comme le dit en substance Václav Havel (2), à rompre avec l'idéologie orgueilleuse qui proclame que l'homme est le maître de la Terre, oubliant que l'univers est organisé d'une manière encore mystérieuse mais plus raffinée, peut-être, que notre propre cerveau.À toute chose malheur est bon. La crise actuelle de l'environnement est une occasion - sans doute la dernière - de concevoir une autre approche, plus humble, plus responsable aussi, de l'homme avec la nature et avec ses semblables en prenant mieux en compte les incidences de nos actes sur la vie des générations futures.Ou nous apprenons enfin à subordonner nos capacités techniques et notre conception du développement aux lois de la vie, ou ce sera le « krach » évoqué dans ces colonnes par Jean Boissonnat (3). Mais un « krach » d'une tout autre nature et d'une tout autre ampleur que celui de 1929...(1) Une vérité qui dérange, octobre 2006.(2) Lights and Shadows, 1989.(3) Ouest-France du 9 août 2007.(*) Porte-parole du réseau Cohérence.

Ouest France,23 aout 07

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