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Gauche ouvrière et chrétienne
22 août 2007

Des ouvriers polonais privés de salaires

Dumping social . Employés par des sous-traitants, les travailleurs ont arrêté le chantier. Selon le maître d’oeuvre, les payes auraient été virées jeudi dernier.

Une cinquantaine d’ouvriers de nationalité polonaise employés sur le chantier de deux résidences touristiques, à Eyne (Pyrénées-Orientales), ne sont plus payés depuis le 1er juin. Embauchés par la SOGEBAT, une entreprise sous-traitante implantée dans le Var, les salariés ont été recrutés pour la construction de 142 logements dans cette commune située près de la station de Font-Romeu. Selon la CGT, l’entrepreneur « est parti en vacances, mercredi, aux États-Unis ». Une destination décidément prisée dans un certain milieu. La SOGEBAT s’est, semble-t-il, déjà illustrée dans ce genre de pratique puisqu’elle a exploité, dans le même contexte, des travailleurs polonais sur un chantier, à Super-Besse (Puy-de-Dôme), en août 2006.

un cne illégal

« C’est du grand banditisme patronal », s’insurge Thierry Labelle, responsable départemental de la CGT, qui a alerté la direction départementale du travail. Le syndicat affirme également que le sous-traitant a agi illégalement en faisant signer à quelque 70 Polonais un CNE (contrat nouvelle embauche) puisque l’entreprise ne doit pas comporter plus de 20 salariés pour user de ce type de contrat. Pour le maître d’oeu- vre, le groupe européen Pierce et Elliott Vacances, spécialisé dans la promotion immobilière, un certain nombre d’éléments sont erronés. « D’a- bord, il ne s’agit pas de 142 logements, mais de 44. Ensuite, les salaires ont été virés sur les comptes bancaires des Polonais jeudi dernier. Enfin, seul le mois de juillet était dû, il n’y a donc pas de retard de deux mois et demi mais d’une semaine », plaide Christian Cote, directeur France du groupe.

« ils ne connaissent pas leurs droits »

Ayant arrêté collectivement le travail, les ouvriers polonais ont également reçu le soutien du maire d’Eyne, Alain Bousquet, qui a décidé d’avancer les frais de repas servis par un centre de vacances de la commune. « C’est une décision d’urgence qui s’impose à un maire quand il y a ce genre de problème. Sur le fond, cette affaire met en lumière l’insuffisance du statut des travailleurs européens. C’est la conséquence de la politique insufflée par l’OMC », affirme l’élu socialiste, qui confirme avoir reçu une copie des versements de salaires. Hier après-midi, pourtant, les grévistes affirmaient toujours attendre leur dû. « Ils sont en colère et très déçus, témoigne Lucja Bigata-Zdanowicz, leur interprète. Ils ne s’attendaient pas vivre cette situation. En plus, ils ne connaissent pas leurs droits et attendent de rencontrer un avocat. »

« Leur employeur leur a dit que, s’ils n’étaient pas contents, ils n’avaient qu’à retourner chez eux et qu’il embaucherait des Arabes », rapporte-t-elle. Rentrer en Pologne, certains l’ont déjà fait. Car ce genre de société exploite à tour de bras la main-d’oeuvre issue des pays de l’Est de l’Europe. Au départ, environ 70 personnes avaient été recrutées par la SOGEBAT. Le 6 août, une quinzaine d’entre elles, qui n’avaient pas non plus été payées depuis deux mois, ont contraint la société à le faire puis sont reparties dans leur pays d’origine. La cinquantaine restante poursuit aujourd’hui la lutte et affirme que certains ntoujours pas de contrat de travail.

Quelle que soit l’issue du conflit, la CGT attend « la traduction en justice de la société sous-traitante et demande des sanctions exemplaires ». Jean-Louis Crouzet, gérant du centre qui nourrit les Polonais, a lui aussi une dent contre la SOGEBAT : elle lui doit 18 000 euros pour les petits-déjeuners et les dîners servis aux ouvriers jusqu’à la fin juillet.

Ludovic Tomas

l'huma ,21aout 07

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