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Gauche ouvrière et chrétienne
23 juin 2007

Appel à la paix

Paru dans l' édition du samedi 23 juin 2007 par François Régis Hutin

Pendant que nous nous occupons activement de notre démocratie (et nous avons bien raison de le faire) après avoir élu de nouveaux responsables pour la conduite de notre pays, le grand incendie redouté menace de plus en plus le Moyen-Orient dans son ensemble. La tragédie de Gaza vient s'ajouter au désastre irakien, à la malheureuse guerre d'Israël au Liban, aux divisions des Libanais toujours sous la pression de la Syrie, sans parler des menaces iraniennes contre Israël.

Cependant, un nouvel appel à la paix vient d'être lancé à partir d'une ville italienne, petite mais célèbre parce qu'elle fut la patrie d'un certain François. Lui-même homme de paix voulait vivre sa foi chrétienne en harmonie avec tous, y compris avec la merveille qu'était, pour lui, la nature. Dans la Création, il voyait des frères et des soeurs de son humanité aussi bien parmi les animaux que parmi le cosmos. Il voulait que tout cela soit respecté car, à ses yeux, tout ce qui avait été lancé dans l'univers par le Créateur ne l'avait pas été à la légère, pour finir méprisé, défiguré, anéanti.

C'est de cette ville d'Assise que, voici vingt et un ans, Jean-Paul II avait appelé à la paix et rassemblé là, pour une prière commune, les représentants des religions du monde entier. C'est d'Assise que le pape Benoît XVI a renouvelé cette même prière en se tournant vers le monde et en adressant son salut aux autres confessions chrétiennes et aux autres religions pour que « cessent tous les conflits armés qui ensanglantent la Terre, afin que les armes se taisent et que la haine cède à l'amour, l'offense au pardon et la discorde à l'union » (1). Il s'est dit aux côtés de ceux qui « pleurent, souffrent et meurent à cause de la guerre et de ses tragiques conséquences dans quelques parties du monde ». Il a évoqué « les populations de nombreux pays qui connaissent, depuis trop longtemps, les horreurs du combat, du terrorisme, des violences aveugles, l'illusion que la force peut résoudre les conflits, le refus d'écouter les raisons de l'autre et de lui rendre justice. Seul un dialogue responsable et sincère, soutenu par la communauté internationale, pourra mettre fin à tant de douleurs et redonner la vie et la dignité aux personnes, aux institutions et aux peuples ». Il a appelé à « s'opposer à l'abus de la religion comme prétexte pour la violence (...), au sincère respect de l'autre dans le dialogue... ». Et, se tournant, avec encore plus d'insistance vers les chrétiens, il les appelait à « comprendre la place nécessaire de ces religions dans l'histoire du salut ». C'est grâce à ce genre de réflexion que les entraînements funestes pourront être enrayés et dominées les tendances simplificatrices qui conduisent au rejet de l'autre.

Rencontre et coopération

Cette démarche est importante, en particulier au moment où il convient d'être vigilant pour ne pas se laisser entraîner, par peur, par lassitude dans une fausse constatation : aux yeux de certains, en effet, la guerre deviendrait inévitable entre cultures et religions différentes. Face à cela, au contraire, après le concile, l'engagement de l'Église catholique dans la rencontre et la coopération interreligieuse a été fortement encouragé. Ce fut le cas par des documents, par des gestes symboliques comme la rencontre de Jean-Paul II avec les jeunes musulmans à Casablanca, en 1985, ou sa visite à la synagogue de Rome, en 1986, et, surtout, la rencontre d'Assise de la même année. Par son voyage à Assise, le pape rappelle qu'il est fondamental de croire au dialogue et de le relancer inlassablement. N'est-ce pas le professeur Ratzinger, aujourd'hui Benoît XVI, qui, en 1971, dans son livre Le nouveau pacte de Dieu, écrivait : « L'expérience de la relativité, de toutes les données humaines et de toutes les formations historiques, fait partie des caractéristiques spirituelles marquantes de notre époque... C'est pourquoi la question de la relation du christianisme avec les religions du monde s'impose absolument à la foi d'aujourd'hui : elle n'est pas le fait d'une vaine curiosité qui voudrait construire une théorie sur le destin des autres... Les religions du monde sont devenues une question adressée au christianisme qui doit, devant elles, repenser sa prétention et, par-là, reçoit d'elles, à tout le moins, un service de purification. »

(1) Recherche de sciences religieuses, 14, rue d'Assas 75006 Paris

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