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Gauche ouvrière et chrétienne
4 mai 2007

« Nicolas Sarkozy oppose la violence politique à la violence sociale »

Quand ,comme beaucoup ,nous disons que Sarkosy est "dangereux" et qu'il ,s'il est élu,il mènera le pays à la guerre civile l'entretien ,ci dessous,avec un ancien juge nous donne raison et nous fais froid dans le dos.

Il est absolument nécessaire de faire barrage à Sarkosy et de ne pas voter pour lui.
que ceux qui sont tentés de voter pour lui ou qui hésites devraient bien lire l'interview ci dessous et aller lire le livre sur internet.

Le Président de la G.O.C.

                       

Longtemps cantonné à Internet, le livre du magistrat Serge Portelli, Ruptures, paraît aujourd’hui aux Éditions L’Harmattan. Un essai sur l’échec de la politique sécuritaire du candidat UMP.

                                         

C’est un livre qui a failli ne jamais paraître. Écrit par le magistrat Serge Portelli, Ruptures démontre de manière assez éloquente l’échec de la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy. Il devait sortir au mois de mars chez Michalon. Malheureusement, l’éditeur a préféré y renoncer au dernier moment, prétextant la « mauvaise qualité » du manuscrit. Finalement, ce dernier, publié sur le site betapolitique.fr, va connaître un beau succès auprès des internautes. Et intéresser plusieurs autres maisons d’éditions, apparemment moins tatillonnes... L’ouvrage paraît aujourd’hui chez L’Harmattan. Toujours aussi riche d’enseignements.

Quelle était votre intention en écrivant ce livre ?

Serge Portelli. Montrer, avant tout, que la politique de Nicolas Sarkozy, en matière de justice et de sécurité, va occasionner une « rupture », effectivement, mais pas du tout tranquille ! Il faut bien comprendre que, pendant cinq ans, le ministre de l’Intérieur n’a pu aller jusqu’où il le souhaitait. Sur la justice des mineurs, sur les peines planchers, sur des grandes questions de santé publique, à chaque fois, il a souhaité outrepasser nos principes républicains. Jusqu’ici, il a souvent été stoppé dans ses intentions. Non seulement par la gauche et la société civile. Mais aussi par les forces traditionnelles de la droite qui défendent, elles aussi, les principes ordinaires de la République. S’il est élu, il va poursuivre en pire la politique de droite conservatrice menée depuis cinq ans. Et la vraie rupture sera là : dans ce passage d’un discours de droite classique tout à fait respectable, vers un discours d’extrême droite en rupture avec nos traditions républicaines.

Sur le plan sécuritaire, comment qualifieriez-vous le bilan de Nicolas Sarkozy ?

Serge Portelli. C’est un échec. Une inefficacité tragique mêlée au danger de faire croire aux Français que tout cela a été une réussite.

Vous consacrez notamment une partie de votre livre au bidonnage des chiffres de la délinquance...

Serge Portelli. Cette baisse claironnée est complètement fausse. Elle résulte d’un trucage d’une réalité statistique. Certains policiers ont eu récemment le courage d’expliquer comment cela se passait dans la pratique. Mais il faudra bien un jour expertiser, dans le détail, les effets catastrophiques de cette culture du chiffre. Une véritable entreprise de manipulation est en place depuis cinq ans au ministère de l’Intérieur. Du directeur national aux préfets, en passant par les commissaires et jusqu’au simple policier, Nicolas Sarkozy a imposé, jour après jour, dans toute la hiérarchie, des résultats statistiques. Comme à l’époque stalinienne, il faut montrer que la production de blé est à la hausse même si elle a baissé ! Il y a là une volonté de politique démonstrative face à laquelle la réalité, même si elle est tout autre, doit se plier. C’est ahurissant. Dans un rapport daté de 2005, les trois inspections de la police et de la gendarmerie ont d’ailleurs dénoncé cette manipulation statistique des chiffres de la délinquance. Lors d’un débat, j’ai demandé à Nicolas Sarkozy de publier ce rapport. Il a fait l’étonné puis m’a assuré qu’il me le communiquerait. Je l’attends encore...

Qu’elle est, selon vous, la réalité de la délinquance aujourd’hui ?

Serge Portelli. On est clairement dans une société de plus en plus violente. Même au ministère de l’Intérieur, on n’a pas réussi à manipuler ces chiffres-là. Lorsqu’une victime dépose plainte avec un certificat médical, c’est plus difficile de lui dire de repasser demain que s’il s’agit d’un simple vol de cyclomoteur... Il ne faut pas, cependant, attribuer à Nicolas

Sarkozy tous les péchés.

Un ministre a un pouvoir

relativement limité sur l’évolution de la criminalité.

En revanche, la politique qu’il a mise en place est clairement un échec par rapport à cette extension de la violence, notamment collective. L’exemple le plus clair reste les émeutes de novembre 2005. Si ce genre d’événement s’était déroulé sous

la gauche, elle traînerait ça comme un boulet... Là, non seulement quasi-personne ne lui reproche, mais Nicolas Sarkozy en tire presque gloire !

Il y a aussi chez Nicolas Sarkozy un penchant pour la provocation verbale...

Serge Portelli. Ce langage participe de la démagogie ordinaire et d’une simplification outrancière des réalités. Cette vulgarité de la langue accompagne aussi celle de la pensée. C’est une dérive extrêmement grave de la démocratie. Lorsqu’un homme politique commence à utiliser le langage des comptoirs, il légitime un certain nombre de réactions primaires de l’opinion publique. La classe politique doit avoir cette noblesse de la parole qui permet le vrai débat politique.

Autre travers que vous soulignez : la propension de Nicolas Sarkozy à multiplier les textes sécuritaires...

Serge Portelli. D’une manière générale, c’est un leurre de croire qu’il suffit d’écrire un texte de loi pour résoudre les problèmes. Avec Nicolas Sarkozy, cela s’apparente à une technique de marketing politique qui s’allie parfaitement avec la simplicité de la pensée. Un problème naît, et hop !, dans la journée, on promet la solution miracle avec une loi. Prenez les attaques de l’automne dernier contre des policiers. Le ministre a immédiatement dégainé une réforme du Code pénale, rendant ce type de violences passible de la cour d’assises. Démagogique ? Inefficace ? Inapplicable ? Aucune importance : le texte de loi n’est plus, là, l’expression de la volonté commune, mais tout simplement un slogan publicitaire parmi d’autres. Il en va de même avec la prison, sorte de réponse compulsive de Nicolas Sarkozy à tous les problèmes de sécurité. Il cherche ce qui atteint immédiatement le cortex primaire de l’individu. La répression et la prison, c’est simple à comprendre. Le comble du ridicule a été atteint la semaine dernière lorsqu’il a annoncé qu’il allait « régler » le problème de la récidive avant le mois de septembre. C’est à hurler de rire ! Comment peut-on tomber si bas dans un débat politique ? La récidive est un problème gravissime qui existe depuis des siècles et qui ne peut se résoudre que lentement, progressivement.

Qu’est-ce qui marche en matière de lutte contre la récidive ?

Serge Portelli. Exactement le contraire de ce qu’il propose ! La libération conditionnelle est la méthode qui a été reconnue comme la plus efficace par l’ensemble des chercheurs, en France comme dans le monde entier. Mais cette réalité scientifique, Nicolas Sarkozy refuse de l’admettre.

Vous évoquez aussi le sort des mineurs délinquants...

Serge Portelli. C’est sa grande marotte, à laquelle il ne comprend absolument rien. En France, la justice des mineurs est dans un état catastrophique. Les juges des enfants n’ont pas de moyens. Il n’y a pas suffisamment d’éducateurs, de foyers ordinaires pour accueillir ces mineurs. Tout le monde est d’accord pour dire que la sanction doit intervenir dès la première infraction. Mais c’est impossible ! Quand un juge décide d’une mesure de placement ou de suivi, il faut attendre des mois et des mois pour qu’elle soit exécutée. Le problème est là et nulle part ailleurs. Nicolas Sarkozy, lui, prend la problématique à l’envers. Il focalise l’opinion publique sur quelques mineurs récidivistes très violents, et essaie de faire croire que l’ensemble du problème se réduit à ces individus. Son grand argument est de dire que 5 % des mineurs récidivistes sont à l’origine « de la moitié de la délinquance en France ». C’est un mensonge grossier ! En France, le taux d’élucidation des crimes et délits est d’environ 33 %. On ne connaît donc que trois auteurs d’infraction sur dix. Qui sont les sept autres ? Mystère. Alors, quand un homme politique vient vous dire qu’il sait qui sont les auteurs de 50 % de la délinquance, il se moque tout simplement du monde !

Nicolas Sarkozy représente-t-il un danger pour la démocratie ?

Serge Portelli. Nicolas Sarkozy oppose une violence politique à la violence sociale. Et cet engrenage est un risque majeur pour la République.

Entretien réalisé par Laurent Mouloud

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