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Gauche ouvrière et chrétienne
31 décembre 2006

Une erreur...

    Une erreur...
   

Oui, Saddam Hussein fut un dictateur sanguinaire. Ses crimes ont été nombreux. Tortures, massacres, terreur, exercés contre le peuple irakien. Guerre sans merci contre le voisin iranien. Utilisation de gaz de combat contre des populations jugées rebelles, tout cela est vrai. Mais une question se pose : qui donc soutenait ce potentat ? Qui donc le fréquentait ? Qui lui vendait armes de toute nature et équipements ? Nous le savons, même si nous faisons semblant de l'avoir oublié. C'était nous. Nous, à commencer par la France. Nous l'Occident, Etats-Unis d'Amérique compris. Sa politique nous arrangeait. Nous avions davantage peur des mollahs iraniens que de lui. Ses prisons étaient pleines, ses crimes avérés. Mais nous passions sur tout cela que nous lui reprochons aujourd'hui au point de l'avoir renversé, jugé, condamné, exécuté !

Saddam Hussein a été jugé certes, mais dans quelles conditions s'est déroulé son procès ? Trois de ses avocats ont été assassinés. Pourquoi ? Par qui ? Redoutait-on des révélations sur les liens qu'il avait pu entretenir auparavant avec tel ou tel dirigeant occidental ? Pourquoi a-t-on voulu que ce soit un tribunal exclusivement irakien qui conduise le procès ? Comme si l'on voulait faire croire qu'il n'y avait aucune ingérence étrangère. Pourtant, on s'était bien moqué de cet aspect des choses quand fut déclenchée la guerre contre lui, voici un peu plus de trois ans.

Quelle était donc la légitimité de cette justice irakienne et de ces magistrats que Saddam Hussein récusait, alors même que l'Etat irakien était encore incapable de fonctionner normalement ? N'aurait-il pas fallu recourir, comme en d'autres lieux en d'autres crises, à un tribunal pénal international ? Oui, sans doute. Mais on savait qu'un tel tribunal n'aurait jamais prononcé la peine capitale. Or, certains voulaient absolument la disparition rapide du dictateur qu'ils ne cessaient de craindre...

Cette mort, dans de si troubles conditions, ne fera avancer ni la réconciliation entre Irakiens, ni la démocratie. Outre la répulsion et l'horreur que suscite en nous la peine de mort, rejetée d'ailleurs par le droit international au nom des Droits de l'homme, on voit bien que cette exécution est une erreur : elle va faire de Saddam Hussein un martyr, un héros emblématique pour ceux qui luttent contre l'Occident. Elle exacerbera les oppositions entre les musulmans divisés. Elle ne sera en rien favorable à la paix.

François Régis HUTIN.

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