Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Gauche ouvrière et chrétienne
28 octobre 2006

Vingt ans après : l'esprit d'Assise

    Vingt ans après : l'esprit d'Assise
   

    par François Régis Hutin

   

 

   

   

« Le monde a besoin de chrétiens, de musulmans qui se respectent et s'estiment », a déclaré le cardinal Paul Poupard, président du Conseil pour le dialogue interreligieux, à l'occasion de la fête musulmane de l'Aïd el Kébir qui marque la fin du ramadan.

Ces paroles devraient avoir une résonance particulièrement forte au moment où des terrorismes se réclament de Dieu et agissent de plus en plus violemment ; au moment où, considérant les événements, certains voient, dans les religions, des causes d'affrontement. Or, ces affrontements ont des causes multiples, nous le savons : économiques, sociales. Ce ne sont pas les religions qui vont en guerre, mais des extrémistes qui tentent de les utiliser pour servir leur cause ou des fanatiques qui voudraient imposer de force leur croyance.

Ces paroles devraient nous aider à ranimer l'esprit d'Assise : voici vingt ans, le 28 octobre 1986, le pape Jean-Paul II, véritable visionnaire, réunissait les représentants, les chefs, les délégués de presque toutes les religions du monde. C'était à Assise, la ville du « poverello », un certain François qui s'était fait le plus humble des hommes. Tout un symbole, donc, de la part du pape que de choisir cet endroit. Jean-Paul II venait là, non pas d'abord pour prêcher sa religion, mais pour prier humblement avec tous ceux qui croient en Dieu, en l'Être suprême, en la force de l'Esprit transcendant la matière.

Ces soixante responsables religieux étaient venus, chacun avec sa culture, ses traditions : animistes d'Afrique, Indiens d'Amérique, musulmans, chrétiens, bouddhistes, adeptes de Zoroastre... Ils avaient prié, chacun à leur façon, pour la paix. Le pape avait dit le sens de cette rencontre : « Montrer aux hommes de notre temps que, dans la grande bataille pour la paix, l'humanité, avec sa diversité, doit puiser aux sources les plus profondes et les plus vivifiantes... Montrer qu'il existe une autre manière de promouvoir la paix qui ne résulte pas de marchandage : la prière. »

Le dialogue pour la paix

Un an après, lors de la première commémoration d'Assise, le pasteur protestant J. Steward avait déclaré : « La paix est un nom de Dieu. Parler de guerre de religions est une absurdité. Aucune haine, aucun conflit ne trouve prétexte dans la religion. »

Malgré les critiques dont il fut l'objet, notamment de la part d'intégristes catholiques opposés à l'ouverture conciliaire, Jean-Paul II persistait : dans la droite ligne du concile Vatican II, il réunissait, à nouveau, à Assise, en 2002, deux cents représentants des différentes religions du monde. Il proposait dix engagements dont celui-ci : « Nous nous engageons à encourager toute initiative qui promeut l'amitié entre les peuples, convaincus que, sinon, le progrès technologique exposera le monde à des risques croissants de destruction et de mort. » Ainsi, en s'appuyant sur les religions, le pape avait lancé et relancé, constamment, une dynamique de paix dont on voit, aujourd'hui, avec les menaces qui pèsent sur le monde, l'impérieuse nécessité.

On en voit aussi les difficultés, comme le rappelle Benoît XVI, dans son texte annonçant les commémorations de la cérémonie d'Assise : « Nous sommes bien conscients de la difficulté du chemin vers ce bien fondamental, la paix. Nous sommes parfois humainement désespérés... Pour la construire, les moyens culturels politiques, économiques sont certainement importants. En premier lieu, cependant, la paix doit être construite dans les coeurs. Là, en effet, se développent les sentiments qui peuvent l'alimenter ou, au contraire, la menacer, l'affaiblir et l'étouffer. » Ce message est donc bien actuel et c'est bien dans ce sens que devraient avancer les Chrétiens. Ces paroles du cardinal Poupard le confirment : « Le chemin d'un dialogue authentique peut être parfois ardu. Il devient plus que jamais nécessaire... Là où nous pouvons oeuvrer ensemble, ne travaillons pas séparément. »

L'anniversaire de la merveilleuse réunion d'Assise est l'occasion, pour les chrétiens, de manifester de nouveau, aujourd'hui, leur ouverture et leur respect pour les autres religions ainsi que leur volonté de dialogue et paix.

Publicité
Commentaires
Publicité