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utte anticorruption, défense de "l'identité nationale (contre) les attaques de l'extérieur",
apologie de la famille traditionnelle : le nouveau premier ministre
polonais, Jaroslaw Kaczynski, a martelé son credo dans un discours de
plus d'une heure prononcé, mercredi 19 juillet, devant le Parlement. Les députés
s'apprêtaient à voter l'investiture du nouveau cabinet formé après la
démission, le 7 juillet, de Kazimierz Marcinkiewicz. Une confiance
accordée à 240 voix contre 205, l'exécutif disposant de la majorité au
Parlement depuis que le parti conservateur Droit et Justice (PiS) a
formé, en mai, une coalition gouvernementale avec les populistes de
Samoobrona (Autodéfense) et les ultracatholiques de la Ligue des
familles polonaises (LPR).
Frère jumeau du président et chef de
file du PiS, M. Kaczynski a multiplié les promesses, dans un florilège
nationaliste et conservateur. "Nous ferons tout pour que la famille polonaise soit défendue contre ces attaques venant surtout de l'extérieur", a-t-il déclaré, en référence aux organisations européennes qui ont soutenu, en juin, la Gay Pride de Varsovie.
"Selon notre Constitution, le mariage est une union entre un homme et une femme", a rappelé le nouveau chef de gouvernement, sous les applaudissements des députés de la coalition. "Nous
revendiquerons une pleine souveraineté en ce qui concerne la morale et
les moeurs, nous voulons conserver notre identité nationale", a-t-il ajouté.
Sur le plan européen, M. Kaczynski voudrait voir la Pologne hissée au rang de "grand pays qui compte". Il rêve d'un plus grand rôle pour les nouveaux Etats membres de l'Union européenne (UE), revendiquant "une participation réelle, et non seulement formelle, à tous les mécanismes de décision".
Le leader de la droite conservatrice n'a pas manqué de vanter la participation de la Pologne au "groupe de Visegrad" (Hongrie, Pologne, Slovaquie et République tchèque), ainsi qu'au "triangle de Weimar",
cadre de concertation germano-franco-polonais. Pourtant, le dernier
sommet trilatéral, prévu début juillet, a été reporté sine die après
que le président polonais se fut désisté à la dernière minute,
officiellement pour des raisons médicales, non sans susciter un vent de
critiques au sein de l'intelligentsia polonaise.
M. Kaczynski a,
par ailleurs, balayé d'un revers de main l'entrée dans la zone euro de
la Pologne - seul nouvel Etat membre de l'UE à ne pas avoir fixé de
date pour l'adoption de la monnaie européenne -, garantissant que le
zloty resterait la monnaie en vigueur "pendant des années".
"NETTOYER" L'ADMINISTRATION
Le nouveau premier ministre a également enfourché son cheval de bataille favori : la lutte anticorruption. "Nous
allons lutter contre la corruption, contre l'exploitation de fonds
publics à des fins privées. C'est une maladie très répandue que nous
allons combattre", a-t-il gagé, toujours prompt à brandir la menace "d'infiltrations de l'appareil d'Etat par des structures mafieuses". Ses armes ? De "grandes enquêtes", un "renforcement des prérogatives des préfets" et une "réforme des procédures judiciaires".
Les
frères Kaczynski s'enorgueillissent déjà d'avoir jeté les bases, début
juillet, d'un Bureau central anticorruption destiné à nettoyer
l'administration publique. Avec la même assiduité, ils traquent les
anciens collaborateurs du régime communiste qui occuperaient
aujourd'hui des postes de haut niveau dans la fonction publique.
S'il
était adopté, un projet de loi soutenu par PiS pourrait élargir cette
chasse aux sorcières controversée aux recteurs d'université, aux
directeurs d'école, ainsi qu'aux journalistes.
Célia Chauffour |