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Gauche ouvrière et chrétienne
5 mai 2008

L'Europe vieillit

Avec l'allongement de l'espérance de vie et une forte baisse des naissances, l'Union européenne pourrait compter un tiers d'habitants de plus de 65 ans d'ici 2050. Cela va bouleverser tous les aspects de la vie des Européens.

Le vieillissement de la population européenne est en pleine accélération : il y a trois ans, seulement 16,5% des habitants des pays de l'actuelle Union européenne étaient âgés de plus de 65 ans. Mais ce taux devrait grimper à 18% dès 2010, à 25% en 2030 et 30% en 2050, selon de récentes projections de l'institut européen de statistiques Eurostat.  Pour la première fois en Europe, le nombre des plus de 65 ans a dépassé celui des jeunes de moins de 15 ans, au début de la décennie.  Seul dans le monde, le Japon est confronté à un problème similaire. Mais l'UE, qui compte actuellement 495 millions d'habitants, est une région autrement plus peuplée et vaste que l'archipel nippon.

Il faut un peu plus de deux enfants par femme pour stabiliser la population

En seulement quinze ans, entre 1990 et 2005, l'espérance de vie pour les seniors européens a augmenté d'environ deux ans. Arrivés à l'âge de 65 ans, les hommes de l'UE peuvent encore espérer vivre en moyenne 17 ans et les femmes 20 ans.  Parallèlement, les naissances ont continué de chuter. Le taux de fécondité, c'est-à-dire le nombre hypothétique d'enfants par femme en âge de procréer, est tombé dans l'UE de 1,6 en 1990 à moins de 1,5, alors qu'il faut un peu plus de deux enfants par femme pour stabiliser la population hors immigration.  La baisse a été particulièrement forte dans les anciens pays communistes d'Europe centrale et orientale, qui, avant la chute des dictatures en 1989, avaient un taux aux alentours de 2. Ces pays ont maintenant les chiffres les plus bas avec un record de 1,2 en Slovaquie pour l'année 2006.

Le poids politique grandissant des personnes âgées

Pour la professeure polonaise de démographie Irena Kotowska, les pays postcommunistes n'ont fait que suivre avec retard une tendance qui a débuté dans les années 60 en Scandinavie avant de gagner l'Europe de l'Ouest puis du Sud.  Les femmes sont plus nombreuses à travailler. Elles sont financièrement plus indépendantes. Elles étudient également beaucoup plus et plus longtemps et cherchent à commencer une carrière avant d'avoir des bébés. En 2003, l'âge moyen du premier bébé était en moyenne de 28 ans pour les femmes de l'UE, soit deux ans de plus qu'en 1990.  La chute des naissances n'est pas irrémédiable, estiment la plupart des experts, à condition que la société puisse offrir aux parents la possibilité de concilier vie professionnelle et vie familiale grâce à des crèches, des écoles maternelles, comme en France, ou de généreux congés pour les pères et les mères, comme en Suède.  Pour tenter de rajeunir, des pays comme l'Espagne ont fait le pari de l'immigration. Mais, pour la plupart des démographes, l'Europe va devoir en prendre son parti et apprendre à vivre différemment, en gérant mieux ses finances publiques pour financer les systèmes de retraite et de santé mais aussi en acceptant le poids politique grandissant des personnes âgées.  Pour le Commissaire européen aux affaires sociales Vladimir Spidla, les Européens ne doivent plus envisager le vieillissement en terme de coûts ou de menace : « L'économie doit saisir les opportunités de nouveaux marchés liés aux besoins d'une population plus âgée ».  On parle déjà d'une « Silver economy » qui offrira de nouveaux services mais aussi de nouveaux produits à la population grisonnante. Toujours pionnière de l'industrie en Europe, l'Allemagne, qui est le pays le plus vieux de l'UE avec l'Italie (20% de plus de 65 ans), se mobilise déjà, gouvernement en tête, pour devenir un leader de ce nouveau marché.

Édition du Lun 5 mai 2008

DNA

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