Maliki somme l'Armée du Mahdi de déposer les armes

Reuters - 30/04/08

Monde

Maliki somme l'Armée du Mahdi de déposer les armes

Par Peter Graff

BAGDAD (Reuters) - L'armée du Mahdi, milice fidèle à l'imam chiite Moktada Sadr, sera désarmée de force si elle refuse de le faire de son plein gré, a averti le Premier ministre irakien Nouri al Maliki, dans un discours d'une rare fermeté.

Pour éviter une telle confrontation, les miliciens devront déposer les armes, cesser de s'ingérer dans les affaires publiques, renoncer à rendre leur propre justice et livrer les suspects recherchés, a précisé le chef du gouvernement, lui-même de confession chiite.

"Le rejet de ces conditions se traduira par la poursuite des efforts du gouvernement pour les désarmer par la force", a-t-il souligné lors d'une conférence de presse organisée dans la "zone verte", quartier administratif et diplomatique fortifié du centre de Bagdad.

Ce raffermissement de la rhétorique de Maliki intervient alors que les forces américaines, confrontées à un regain de violences de la part de miliciens chiites à Bagdad, ont essuyé en avril un nombre record de pertes depuis septembre.

L'armée américaine a annoncé mercredi que trois de ses soldats avaient été tués, ce qui porte le bilan des pertes américaines en Irak à 47 pour le mois d'avril.

DE NOMBREUX CIVILS IRAKIENS PRIS DANS LES COMBATS

Ces nouvelles pertes font d'avril le mois le plus meurtrier depuis septembre, où 65 soldats américains avaient été tués en Irak, selon le bilan établis par icasualties.org, un site internet indépendant qui recense les pertes américaines.

Ce bilan demeure toutefois bien inférieur à celui enregistré il y a un an. En avril 2007, 104 militaires américains avaient péri en Irak.

Côté irakien, deux hôpitaux de Sadr City, quartier chiite défavorisé où se concentrent les combats de la capitale, ont dit avoir réceptionné les corps de 421 Irakiens et soigné plus de 2.400 blessés depuis la fin mars.

Un porte-parole du gouvernement, Tahssine al Cheikhli, a évoqué un bilan plus lourd, de plus de 900 morts.

Ces morts et ces blessés sont souvent des civils pris dans des tirs croisés dans ce quartier densément peuplé.

Certains des combats les plus violents ont eu lieu ces trois derniers jours, les miliciens profitant de tempêtes de sable qui ont cloué au sol les hélicoptères de combat américains pour lancer des offensives sur des positions américaines et irakiennes.

Les forces américaines ont répliqué en tirant avec leurs chars et en lançant des missiles sol-sol, détruisant des bâtiments.

Trente-quatre corps et 112 blessés ont été amenés dans les deux hôpitaux de Sadr City au cours des 24 dernières heures, selon des responsables de ces établissements. Les forces américaines disent avoir tué 34 miliciens mardi dans une série d'affrontements dont des combats de rue qui ont duré quatre heures.

Version française Jean-Philippe Lefief, Gwénaelle Barzic et Natacha Crnjanski

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