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Gauche ouvrière et chrétienne
22 avril 2008

Chine : L’argent, avant la politique

La Voix du Nord - Edition du mardi 22 avril 2008

Tsoho habite Yangshuo, une ville de 300 000 habitants. Quelque part dans le Guangxi, la deuxième région la plus pauvre de la Chine, au sud-ouest du pays.
En septembre dernier, je rencontre ce jeune Chinois de 28 ans, qui s’est rebaptisé Tony. « On sait que c’est mieux d’avoir un prénom occidental notamment quand on recherche du travail. » Ce fils d’ouvrier apprend depuis trois ans la langue de Shakespeare et vivote grâce à des petits boulots. En attendant l’ascenseur social. « J’aimerais rejoindre le plus vite possible une grande ville comme Shangaï pour travailler dans le tourisme. » « Bruce », son pote, qui s’intéresse à la conversation, me dévoile son rêve. « Travailler à l’étranger pendant quelques années et gagner le maximum d’argent pour ensuite revenir au pays et acheter, pourquoi pas, une maison à mes parents (ils habitent dans le Lianoning, au nord est de la Chine). C’est pour ça que nous apprenons tous l’anglais. En un mois, tu gagnes aux États-Unis ou en Europe l’équivalent d’un an de salaire ici.

 
Mais si on veut aller à l’ouest, ça coûte très cher. Il faut avoir sur son compte l’équivalent de 200 000 RMB (20 000 E) ».
Tsoho grimace. « Du coup, seuls les plus riches partent. Le gouvernement fait ça pour que nous ne puissions pas découvrir des choses sur la Chine dites ailleurs, hors de la version officielle. » Sur la politique, les deux amis sont moins bavards. « Avoir plusieurs partis ? Ce serait bien, oui. Mais bon, on ne parle politique qu’en petit comité, tu sais. » La raison de cette discrétion ? « Si j’allais là, sur la place, et que je commençais à tenir des propos contre le pouvoir, je serais immédiatement arrêté », me dit Bruce. Tsoho coupe court : « La politique, ce n’est pas la préoccupation première des gens. Il faut d’abord qu’ils gagnent de quoi vivre. » Bruce demande quand même avant de partir : « Qu’est-ce que vous pensez de nous, dans ton pays ? Comment vous nous voyez ? Sur Internet, on n’a rien là-dessus… » •
NICOLAS FAUCON

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