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Gauche ouvrière et chrétienne
28 mars 2008

Des moines tibétains perturbent une visite de presse à Lhassa

|    27/03/2008 Reuters  le point

Des moines tibétains ont perturbé jeudi un point de presse officiel dans un temple de Lhassa en accusant les autorités chinoises de mentir sur les troubles des deux dernières semaines et en soulignant que le dalaï-lama n'y était pour rien, ont dit des journalistes étrangers.

L'incident a mis dans l'embarras le gouvernement chinois, qui a conduit mercredi dans la capitale tibétaine un groupe de reporters étrangers triés sur le volet pour une visite de trois jours visant à montrer que le calme y était revenu depuis les violents incidents survenus le 14 mars.

Pékin affirme aussi que les forces de sécurité agissent avec modération face à la polémique internationale que suscitent les incidents et la réplique des autorités à l'approche des Jeux olympiques prévus en août à Pékin.

Des moines sont intervenus au beau milieu du point de presse animé par un administrateur du temple de Jokhang, qui est l'un des plus sacrés du Tibet et l'une des principales attractions touristiques de Lhassa.

"Une trentaine de jeunes moines ont fait irruption pendant le point de presse officiel en criant: 'Ne les croyez pas. Ils vous manipulent. Ils vous disent des mensonges'", a dit Callum MacLeod, reporter du quotidien USA Today, par téléphone.

La chaîne TVB de Hong Kong a diffusé des images de l'incident où l'on voit des moines en robes safran, certains en larmes, en présence des premiers journalistes étrangers admis au Tibet depuis les émeutes.

CONFINES DANS LEUR TEMPLE

Les moines ont dit ne pas avoir pu sortir du temple depuis le 10 mars, jour où des manifestations ont commencé à Lhassa pour le 49e anniversaire du soulèvement avorté contre la présence chinoise - après lequel le dalaï-lama, chef spirituel des Tibétains, s'est exilé en Inde.

"Ils ne nous croient pas. Ils pensent que nous allons sortir pour semer le chaos - casser, détruire, voler, brûler. Nous n'avons rien fait de tel - ils nous accusent injustement", a dit un moine. "Nous voulons la liberté, le dalaï-lama, nous exiler en Inde."

Selon Wang Che-nan, caméraman de la chaîne taiwanaise ETTV, l'incident a duré une quinzaine de minutes et des policiers sans armes ont ensuite emmené les moines dans une autre partie du temple, à l'abri des regards.

Reuters n'a pas reçu d'invitation pour cette visite guidée.

Chhime Chhoekyapa, secrétaire du dalaï-lama, a dit que l'incident de jeudi montrait à l'évidence "que la force brutale ne peut à elle seule refouler le ressentiment qui couvait depuis longtemps au Tibet". "Nous sommes profondément inquiets pour la sécurité et le bien-être des moines et appelons la communauté internationale à garantir leur protection", a-t-il ajouté.

Mercredi, le président américain George W. Bush a demandé à son homologue chinois Hu Jintao d'entamer un dialogue avec le dalaï-lama. Hu a répondu que la Chine y était prête mais que le dalaï devait cesser de soutenir la cause indépendantiste et d'encourager les violences et activités illégales visant à saboter les Jeux olympiques.

Pékin a imputé les troubles à la "clique du dalaï" et qualifie ce dernier de séparatiste. Le chef spirituel tibétain a rejeté l'accusation en disant s'en tenir à un objectif de simple autonomie, et il a critiqué les actes de violence.

LE DALAÏ-LAMA ÉTRANGER AUX ÉMEUTES

Les moines venus protester jeudi au temple de Jokhang ont également dit que le dalaï-lama, prix Nobel de la paix 1989, n'était nullement à l'origine des violences, selon un journaliste de l'agence japonaise Kyodo présent sur place. "Le dalaï-lama n'a rien à voir (avec les troubles)", ont-ils crié.

Lors d'une interview, le dalaï-lama a dit que les Jeux olympiques étaient l'occasion de rappeler la Chine à ses devoirs sur le plan des droits de l'homme.

"Pour être un bon hôte de ces Jeux olympiques, la Chine doit améliorer son bilan dans le domaine des droits de l'homme et de la liberté religieuse", a-t-il déclaré à la chaîne indienne NDTV dans cette interview qui doit être diffusée vendredi. "C'est très logique, très raisonnable", ajoute-t-il.

En quelques jours, les manifestations de moines s'étaient transformées en émeutes durant lesquelles des Chinois non tibétains avaient été attaqués et leurs biens détruits avant que les forces de sécurité n'imposent un quadrillage de la ville.

Le mouvement de contestation s'est étendu à des provinces chinoises voisines du Tibet. La Chine avance un bilan de 19 morts dans les troubles, qu'elle impute à des foules tibétaines. Le gouvernement tibétain en exil fait état de 140 morts, pour la plupart des Tibétains victimes des forces de l'ordre. Version française Jean-Stéphane Brosse et Philippe Bas-Rabérin

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