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Gauche ouvrière et chrétienne
22 mars 2008

Le gouvernement interdit la secte Bundu dia Kongo en RDC

REUTERS : samedi 22 mars 2008

par Joe Bavier

KINSHASA (Reuters) - Les autorités de Kinshasa ont interdit la secte séparatiste Bundu dia Kongo (BDK) après une offensive de trois semaines des forces de sécurité qui a fait selon l'Onu plusieurs dizaines de morts dans l'ouest de la République démocratique du Congo.

A l'issue d'une réunion ministérielle extraordinaire vendredi soir à Matadi, capitale de la province du Bas-Congo, le gouvernement du président Joseph Kabila a révoqué l'autorisation qui avait été accordée à ce mouvement politico-religieux pour mener des activités socio-culturelles.

"Prenant en compte leur comportement, le fait qu'ils n'ont bâti aucune école, qu'ils n'ont aucune activité sociale, il était temps d'annuler cette autorisation", a dit Godefroid Mayobo, directeur de cabinet du Premier ministre.

A partir de ses bases dans le Bas-Congo, le BDK mène campagne pour le rétablissement du royaume précolonial du Kongo, qui couvrait une partie de l'Angola, de la RDC et du Gabon.

Les autorités accusent ses membres de nombreuses exécutions sommaires commises au nom de la "justice populaire".

Depuis la fin février, les forces de l'ordre ont mené une offensive dans la région pour détruire les bases du BDK et pourchasser ses militants.

Le gouvernement avance un bilan de 22 morts et rejette les accusations de certains témoins qui font état d'exactions.

Selon les rapports des enquêteurs des Nations unies, que Reuters a pu consulter mais qui ne sont pas encore officiels, les violences ont fait au moins 68 morts et ce bilan pourrait être encore revu à la hausse.

DES BLESSÉS SE CACHENT DANS LA FORÊT

Selon l'Onu, au moins 215 personnes qui ont fui leurs maisons incendiées pendant l'offensive n'ont toujours pas donné signe de vie.

Il y a un an, une précédente offensive contre la secte avait fait une centaine de morts.

La mission des Nations unies au Congo et l'Union européenne ont appelé le gouvernement à faire preuve de retenue face aux militants du BDK, qui possèdent peu d'armes à feu et croient beaucoup dans des pouvoirs magiques pour les protéger.

Le dirigeant de la secte, Ne Muanda Nsemi, est membre de l'Assemblée nationale congolaise et bénéficie à ce titre de l'immunité parlementaire.

Mayobo a cependant précisé que le Parlement allait probablement devoir se prononcer sur la levée de son immunité "en raison des actes qui ont été récemment commis".

Interrogé samedi par téléphone, Nsemi a refusé de commenter l'interdiction de son mouvement.

Selon des employés humanitaires dans la région, de nombreux blessés dans les combats ont fui les hôpitaux de crainte d'être arrêtés par les forces gouvernementales. La branche belge de Médecins sans frontières (MSF) craint que ces blessés se soient réfugiés dans la forêt, coupés de toute assistance.

Plusieurs centaines de militaires et de policiers ont été mobilisés dans le cadre de l'offensive lancée le 28 février.

Les rues de Matadi, capitale du Bas-Congo située le long du fleuve Congo, en aval de Kinshasa, sur la frontière angolaise, sont toujours quadrillées par les policiers dépêchés en renfort de la capitale.

Les forces de l'ordre ont détruit cette semaine en moins d'une heure la "base spirituelle" ("zikwa") du BDK, dans le quartier du Belvedère de Matadi.

Joe Bavier, version française Guy Kerivel

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