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Gauche ouvrière et chrétienne
17 mars 2008

La facture du rêve

Comment s'est-il endormi hier soir ?
Quelle image de la France s'est imprimée dans son esprit avant que le sommeil n'emporte son amertume dans cette nuit électorale plus sombre qu'il ne l'avait prévu ? Comment comprendre ce pays qui, neuf mois après l'avoir élu, lui envoie, quoi que ses ministres aient pu en dire sur les plateaux de télévision, un message de déception, d'impatience, de reproche.
Nicolas Sarkozy, dont on ne peut mettre en doute la lucidité, ne doit pas se faire d'illusions sur le résultat des municipales, lui qui, en janvier encore, affirmait qu'il s'agissait d'une consultation éminemment politique. Très tôt, d'ailleurs, il avait redouté le piège de ce rendez-vous, toujours périlleux pour un nouveau pouvoir. Il ne souhaitait d'ailleurs pas le reporter : si ces élections municipales avaient eu lieu, comme prévu, en septembre 2007, le bilan aurait été fort différent.
Car si le premier tour a été un avertissement pour le gouvernement, le second ressemble fort à une déroute. On ne peut plus parler d'un scrutin exclusivement local quand plus d'une demi- douzaine de villes de plus de 100 000 habitants basculent nettement de droite à gauche et quand celles tenues par le PS confirment leurs sortants socialistes avec des scores confortables.
Les Français eux-mêmes ne sont pas dupes. Il ne s'agissait pas d'un match retour de la présidentielle et des législatives : l'expression n'a été utilisée que par les ténors de l'UMP et François Hollande a prudemment évité de tomber dans le piège du procès en illégitimité. Mais ce dimanche rose envoie clairement un message d'incompréhension des électeurs sur la nature comme sur le rythme du changement. Sur son style aussi : la faible participation est l'indicateur d'un désenchantement sur l'autre promesse de ce 6 mai qui jurait de révolutionner la façon de faire de la politique. Et qui, de langue de bois autopersuasive en autosatisfaction vaguement insolente n'a pas changé la donne.
Le nouvel aller-retour électoral de ce 16 mars qui contredit l'approbation, dans les sondages, de la plupart des grands projets gouvernementaux est emblématique d'un malaise français persistant. Si la nécessité des réformes n'est pas forcément remise en question, la stratégie, la méthode et la communication qui les portent sont mises en échec. La nature du rêve, aussi. Le flou délibéré qui a accompagné les engagements exagérément optimistes de la campagne présidentielle était l'équivalent d'un engagement à crédit. Une promotion risquée du miracle rapide. Hier, les Français ont présenté la facture immédiate. Elle est lourde.

Édition du Lun 17 mars 2008  DNA

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