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Gauche ouvrière et chrétienne
10 mars 2008

Varsovie reste sceptique sur l'harmonisation du droit d'asile

Il semblerait que la France ne pourra pas faire comme elle le souhaiterait

concernant son projet sur l'immigration vu que  la Pologne ne semble pas vouloir y adhérer.

il faudra sans doute ,comme pour le projet méditerranéen  ,que la France revoie sa copie.

Le président de la G.O.C.

LE MONDE | 08.03.08
VARSOVIE CORRESPONDANCE

"Ici, on rêve d'aller à Paris", raconte dans un polonais parfait Fatima, une Tchétchène de 32 ans, à l'entrée du centre pour réfugiés de Debak, à 30 kilomètres à l'ouest de Varsovie. Caché en pleine forêt, à deux pas d'une banlieue chic de la capitale polonaise, le centre héberge 307 demandeurs d'asile, surtout des Tchétchènes.

Arrivée il y a quatre ans, Fatima espère décrocher son droit d'asile. D'autres ont choisi de ne pas attendre. Contre 550 euros à un passeur, ceux-là ont tenté de rejoindre l'Hexagone, une destination en vogue, "plus accueillante que d'autres", croit-on ici.

De passage à Varsovie, le ministre français de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du codéveloppement, Brice Hortefeux, a visité, mardi 4 mars, le centre de Debak, avant de remettre au gouvernement polonais son projet de "pacte européen" pour une politique commune sur l'immigration. Ce pacte est une priorité de la présidence française de l'Union européenne (UE) qui débutera le 1er juillet. L'un des points est d'"ébaucher une définition commune du droit d'asile".

"SÉJOURS TOLÉRÉS"

Le ministre, soucieux de "prendre en compte les traditions et les spécificités de chaque pays membre dans l'élaboration d'une politique commune des flux migratoires", a insisté sur le fait qu'il n'était "pas question de remettre en question le droit de chaque pays à déterminer qui il veut et qui il peut accueillir en son territoire".

Varsovie, par la voix de son ministre de l'intérieur, Grzegorz Schetyna, s'est dit intéressé par l'initiative française, tout en restant frileux sur les chances d'aboutir à une harmonisation "compte tenu des divergences entre les pays membres de l'UE".

Parce qu'elle dispose de la plus longue frontière terrestre européenne après la Finlande, soit 1 180 kilomètres, la Pologne est en première ligne des flux migratoires en provenance de l'Est. Chaque année, sa frontière est traversée par des centaines de réfugiés tchétchènes espérant rejoindre la France ou l'Autriche. Depuis l'adhésion de la Pologne à l'UE en 2004, le nombre de réfugiés a explosé. Le pays a traité 4 500 demandes d'asile en 2001, contre 10 048 en 2007, dont 8 415 déposées par des Tchétchènes.

Au centre de Debak, la belle Milana, 22 ans, explique avoir "échoué" là, il y a deux mois. Originaire de Grozny, elle fait partie des contingents de demandeurs d'asile que la France ou l'Allemagne refoulent en Pologne, en vertu de l'accord européen, dit "Dublin II", qui veut qu'un dossier déposé dans un pays de l'espace Schengen soit traité jusqu'au bout par celui-ci. Autrement dit, bien souvent la Pologne.

Or la Pologne n'accorde qu'au compte-gouttes le statut de réfugié. En 2007, moins de 5 % des demandeurs d'asile tchétchènes l'ont obtenu. En revanche, Varsovie distribue massivement des "séjours tolérés", une formule intermédiaire, inexistante en France, qui permet aux Tchétchènes de résider sur le territoire polonais, et surtout les contraint à ne pas en sortir. Sur les 10 048 demandes d'asile, seules 116 ont abouti. A l'inverse, 2 866 autorisations de séjour toléré ont été délivrées.

Le faible taux de droit d'asile accordé en Pologne et l'augmentation constante du nombre de "tolérés" dissimulent un manque de moyens de l'Etat polonais, à l'économie en pleine croissance mais toujours en rattrapage.

Varsovie se dit prête à soutenir l'offre française, sans plus d'enthousiasme. "Contrairement à la France, le problème de l'immigration n'est pas un enjeu politique en Pologne", a reconnu, mardi, le vice-ministre polonais de l'intérieur Piotr Stachanczyk. La sociologue Krystyna Iglicka le confirme : depuis les départs en masse vers les marchés du travail britannique ou irlandais, "le souci numéro un n'est pas l'immigration, mais l'émigration".

Célia Chauffour
Article paru dans l'édition du 09.03.08.

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