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Gauche ouvrière et chrétienne
28 février 2008

«Le consommateur est obligé de payer plus que sa consommation réelle»

Edouard Barreiro, chargé de mission télécom à l'UFC Que-Choisir, explique pourquoi, selon l'association de consommateurs, les tarifs de téléphonie n'ont pas baissé depuis 2003.

Recueilli par C.B.

LIBERATION.FR : mercredi 27 février 2008

Pourquoi dénoncez-vous le prix des forfaits dans la téléphonie mobile?
Depuis 2003, il y a bien eu quelques baisses anecdotiques pour certains profils de consommateurs, par exemple pour un forfait très court de 20 minutes d'appel avec aucun SMS. Mais pour le consommateur lambda avec un forfait de deux ou trois heures et 30 SMS, les augmentations peuvent aller jusqu'à 20% ou 30% alors que les infrastructures sont largement amorties par les opérateurs.
D'autre part, les tarifs des terminaisons d'appel mobile (le coût de transmission facturé par un opérateur à un autre opérateur pour acheminer un appel extérieur sur son propre réseau) restent scandaleusement élevés: 6,5 centimes d'euros minimum la minute en France, quand le coût réel est de moins d'un centime d'euro.

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Comment expliquer cette stagnation des tarifs?
Le premier élément, c'est que les opérateurs nous ont vendu l'idée qu'on devait accepter toutes les offres et les services: SMS, durée illimitée sur certains créneaux horaires, vers certains numéros, heures week-end, etc. Or les opérateurs mobiles accroissent le prix de leurs forfaits à mesure qu’ils ajoutent de nouveaux services. Si l'on prend le cas d'Orange, nous avons calculé que le consommateur pouvait avoir accès à 727 combinaisons différentes avec tous ces services, qui pour certains se chevauchent, et qui sont autant de surcoûts. Comment voulez-vous que le consommateur s'y retrouve? C'est une telle jungle qu'il n'a aucun moyen d'optimiser son forfait pour l'adapter à sa consommation réelle. Même s'il le pouvait, les engagements sont trop contraignants pour qu'il puisse modifier son forfait au fur et à mesure de l'évolution de sa consommation.

La deuxième chose, c'est qu'un consommateur ne peut pas contracter de forfait à sa taille exacte. Prenez quelqu'un qui consomme 2h40 par mois. Ou bien il prend un forfait deux heures, auquel cas il sera en hors-forfait pour les 40 minutes restantes, qui lui seront donc surfacturées; ou bien il prend un forfait trois heures, avec 20 minutes de trop qu'il paiera sans utiliser. Même si ces 20 minutes sont reportées sur le mois suivant, ce sera encore du temps excédentaire par rapport à sa consommation réelle. Autrement dit, le consommateur est obligé de payer plus que ce qu'il consomme réellement. C'est valable aussi pour les cartes prépayées.

L'entrée d'un 4e opérateur sur le marché aurait-elle un réel impact sur les prix?
En principe oui. Si un nouvel opérateur rentre, il devra être tout de suite très compétitif pour engranger un parc de consommateurs. Ce qui veut dire pratiquer des prix bas, donc pousser les autres opérateurs à baisser leurs tarifs à leur tour. Pour le moment la décision de faire entrer un nouvel opérateur est entre les mains du gouvernement et des parlementaires. Aujourd'hui, seul Free s'est montré intéressé, mais d'autres candidats le seraient si les conditions étaient assouplies, notamment si l'on permettait un étalement du paiement de la licence, qui s'élève à au moins 520 millions d'euros.

Vous demandez la limitation de la durée d'engagement pour le consommateur à 12 mois, au lieu de 24 mois. Où en est-on sur cette question?
La loi Chatel a certes inscrit la possibilité pour le consommateur de résilier son forfait après 12 mois mais à condition qu'il paie un quart de ce qui lui reste dû. Nous considérons que c'est encore excessif et qu'il faut aller plus loin, comme ça s'est fait ailleurs en Europe. La plupart des pays ont une durée d'engagement limitée à 12 mois, ou même 6 mois comme au Danemark. Quant à la Finlande, il n'y a plus de durée d'engagement du tout.

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