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Gauche ouvrière et chrétienne
22 février 2008

Allemagne:Travailler et gagner... moins

Outre-Rhin, l'assurance chômage fait débat car des chômeurs s'en sortent aussi bien, voire mieux, que des travailleurs à temps complet. Une injustice plus difficile à rectifier qu'il n'y paraît.

Berlin.- Correspondance DNA

La famille Prinz, de Dortmund, a fait ses calculs : elle travaille, mais travailler ne lui rapporte rien.
Si elle se contentait de percevoir les allocations du chômage, elle gagnerait un euro de plus par mois ! Le père, technicien dans une école, gagne 1200 euros net par mois ; sa femme, qui travaille à temps partiel comme éducatrice, touche 150 euros mensuels. Plus 152 euros mensuels d'allocations familiales pour leur petite Lara-Joline (20 mois). Au final, le budget familial des Prinz s'élève à 1500 euros. Dont 650 partent dans le loyer, l'électricité et le chauffage.

« Celui qui travaille est un idiot »

Si Roland Prinz restait dans son fauteuil à regarder la télévision, le budget familial n'en souffrirait pas, en valeur absolue. « Je roule 200 km aller-retour tous les jours pour aller travailler. Un budget de 320 euros par mois. Je me bouge pour travailler et je me sens sanctionné pour ça ; je trouve ça injuste », constate le père de famille.
S'il était au chômage, le couple toucherait 673,30 euros et 208 euros d'allocations pour leur fillette. Ainsi qu'une aide au logement et une couverture des frais de chauffage évalués à 620 euros. L'addition s'élèverait à 1501,30 euros.
Ce calcul sommaire ne tient pas compte de la dégressivité de l'indemnisation du chômage prévue par le dispositif « Hartz IV ». Mais il n'empêche : « Celui qui travaille est un idiot », titrait à ce sujet le journal Bild. Son éditorialiste pointait du doigt les « quelques rares moutons noirs fainéants », mais imputait surtout la faute à « l'État social ».
Les experts en économie ont pris la parole pour proposer leur solution. Parfois radicales comme celle du « conseil des spécialistes pour l'expertise du développement de l'économie nationale », consistant tout bonnement à baisser de 30% la rémunération des chômeurs. Dans un pays où le salaire minimum général n'existe pas, le problème se pose surtout pour les emplois des moins qualifiés.

« La baisse des prestations
à destination des chômeurs
n'est pas souhaitable »

La chercheuse Susanne Koch commente : « La baisse des prestations à destination des chômeurs n'est pas souhaitable pour l'équilibre social. En revanche il faut baisser les prélèvements sociaux pour qu'il n'y ait pas tant de différence entre salaire brut et salaire net ».
Le Pr Bert Rurüp préconise plus de pression sur les chômeurs de la part des agences pour qu'ils acceptent l'emploi proposé. L'ANPE allemande a déjà augmenté son taux de sanctions à l'encontre des chômeurs récalcitrants, 2,7% fin 2007 contre 1,9 un an auparavant.
Le dispositif coercitif réajusté au 1er janvier 2007 prévoit envers celui qui refuse un emploi « raisonnable » une réduction de 30% des allocations. Un manquement répété aux obligations peut même entraîner la suppression totale des allocations.

Hélène Kohl

Édition du Ven 22 fév. 2008  DNA

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