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Gauche ouvrière et chrétienne
16 janvier 2008

« Seuls les présents seront comptés à Versailles, il faut donc y aller »

Pour David Assouline, sénateur (PS) de Paris, la fidélité à l’exigence de référendum commande de participer au Congrès, le 4 février prochain.

Vous êtes pour le traité de Lisbonne, mais vous refusez de boycotter le Congrès. Pourquoi ?

David Assouline. Parce que les deux questions sont distinctes. Il y a celle du traité lui-même, mais dans l’immédiat, il y a celle posée par Nicolas Sarkozy afin d’éviter le référendum. C’est celle de la démocratie. Le dernier traité européen, le traité constitutionnel, a été rejeté par le peuple. C’est pour cela que mon parti et sa candidate à l’élection présidentielle ont défendu, face à Nicolas Sarkozy, le choix d’un référendum sur tout nouveau texte. Défendre ce choix, c’est, aujourd’hui, s’opposer à la modification parlementaire qui permettrait à Sarkozy de s’affranchir de ce retour devant le peuple. C’est ce que je dirai dans la direction de mon parti, dans mon groupe au Sénat, c’est ce que je ferai le 4 février à Versailles. C’est ma conception de la démocratie, qui exige un parallélisme des formes. Ma conviction est que l’Europe se fera avec le peuple ou continuera à s’enfoncer dans la crise.

Pourquoi ce débat a-t-il déclenché une telle cacophonie au PS ?

David Assouline. Il existe des appréciations différentes. Certains pensent qu’il faut refuser de participer à ce déni de démocratie. Et donc boycotter. L’inconvénient d’une telle position, c’est qu’elle dit les choses « radicalement » mais qu’elle ne permet pas, concrètement et sincèrement, d’empêcher cette manoeuvre de Nicolas Sarkozy. Seuls les présents seront comptés au Congrès de Versailles. Il faut donc y aller.

Comment êtes-vous passé du « non » à la constitution européenne au « oui » au traité de Lisbonne, qui en reprend la substance ?

David Assouline. Le projet de constitution contenait des avancées. Mais il faisait du libéralisme un horizon indépassable. Or un tel choix doit relever des élections, pas d’une constitution. C’est cela qu’il fallait rejeter. Le « non » de gauche exprimait, dans le même temps, l’espoir d’une renégociation favorable aux politiques sociales, à l’harmonisation fiscale. Or, depuis, il y a eu une élection en France. Sarkozy a gagné, il a bradé cette renégociation, et il n’y en aura pas d’autres. J’en prends acte. Et parce que je suis convaincu que l’Europe est l’échelle pertinente face à la mondialisation, j’accepte les petits pas que permet le traité de Lisbonne par rapport aux précédents sur le plan institutionnel : un président du Conseil européen élu pour deux ans, un haut représentant pour les Affaires étrangères et, au sein du Conseil des ministres, un nouveau mécanisme de vote à la majorité qualifiée. En outre, il faut se réjouir que la concurrence libre et non faussée soit retirée des objectifs de l’Union. Enfin, le protocole sur les services publics permet de créer une base juridique en vue de l’adoption d’une directive-cadre, jusqu’alors refusée par la Commission.

Entretien réalisé par R. M.

15/01/08 LM

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