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Gauche ouvrière et chrétienne
8 décembre 2007

DIPLOMATIE

La Voix du Nord - Edition du samedi 8 décembre 2007

DIPLOMATIE
Le colonel Kadhafi lundi à Paris pour une visite controverséeAprès de longues années de purgatoire pour cause d’accusations de terrorisme, le leader libyen Mouammar Kadhafi est attendu à partir de lundi à Paris pour une visite de cinq jours aux forts accents de retour en grâce diplomatique… qui suscite doutes et critiques.
« Cette visite marquera une étape significative dans le retour progressif de la Libye au sein de la communauté internationale, qui a été rendu possible par un certain nombre de gestes politiques très importants », a estimé hier le porte-parole de la présidence David Martinon. Le colonel Kadhafi devrait installer sa tente dans les jardins de l’hôtel Marigny à Paris, pour y recevoir ses invités.
Cet hôtel particulier, situé à côté du palais de l’Élysée, est la résidence officielle des invités du président français. Comme le souligne Paris, le dirigeant libyen a regagné ses galons de respectabilité en renonçant à son programme d’armes de destruction massive, en tournant le dos au terrorisme, et en faisant libérer, cet été, les infirmières bulgares retenues dans ses geôles.

Vente de Rafale
Bien avant Paris, d’autres capitales occidentales, comme Londres, ont normalisé leurs relations avec Tripoli, ajoute-t-on. En précisant que le rapprochement franco-libyen a été mis sur les rails dès la visite en Libye, il y a trois ans, de Jacques Chirac, une fois réglée l’indemnisation des victimes de l’attentat contre le DC-10 de la compagnie française UTA en 1989. Pourtant, la politesse rendue par Nicolas Sarkozy à Mouammar Kadhafi après son séjour libyen en juillet est loin de faire l’unanimité.
« On n’invite pas en visite d’État un grand terroriste et un preneur d’otages international comme Kadhafi  », s’est offusqué le philosophe Bernard-Henri Lévy.
« C’est indigne », a jugé le leader centriste François Bayrou.
Le mois dernier, Sarkozy avait justifié par avance sa position en assurant ne pas voir « de raison de ne pas recevoir Kadhafi  ». Mais bien des doutes persistent sur les ressorts du « rabibochage » franco-libyen, alimentés par les accords de coopération, notamment en matière de défense et de nucléaire civil, et les contrats d’armement signés par Paris dans la foulée de l’élargissement des infirmières bulgares.
Devant une commission d’enquête parlementaire, le conseiller diplomatique du président, Jean-David Lévitte, a nié tout lien entre ces accords et la libération des soignants. Tout comme il a démenti que la visite du numéro un libyen à Paris avait été négociée.
Mais ces dénégations ont été contredites jeudi par l’ex-représentant à Tripoli de la Commission européenne, Marc Pierini, qui a assuré devant les mêmes députés que les discussions Paris - Tripoli sur le nucléaire et les armes avaient constitué « l’élément décisif  » pour la libération des infirmières. Et la liste de contrats « espérés » par la France lors du séjour parisien du colonel Kadhafi en matière de nucléaire, d’énergie ou d’armement ne devrait pas calmer ces soupçons.
Paris et Tripoli pourraient conclure lors de la visite de Kadhafi la vente de dix à quatorze avions de combat français Rafale, encore jamais exporté.
Nicolas Sarkozy, qui s’entretiendra deux fois avec lui et le recevra à dîner, lui réservera un traitement de faveur, même si le dirigeant libyen n’aura pas droit au décorum d’une visite d’État.

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