Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Gauche ouvrière et chrétienne
11 novembre 2007

Désunion belge

LE MONDE | 10.11.07 

Les Belges et leurs dirigeants aiment à se gausser de l'incapacité de leurs voisins à comprendre les subtilités de leur royaume. Mais, même chez eux, le doute sur la survie du pays gagne du terrain après l'adoption d'une motion d'origine flamande prônant la scission de l'arrondissement central bilingue de Bruxelles et de ses environs. Ce vote n'a pas encore force de loi. Mais près de la moitié des francophones interrogés affirment y voir le prélude à une séparation. Et, en Flandre, un habitant sur deux au moins envisage sereinement la disparition de la Belgique.


Ce divorce n'est pas inéluctable. Le rôle de Bruxelles, capitale européenne et internationale, la pression des milieux économiques, l'unité maintenue du mouvement syndical et l'entrelacs des relations de tout type entre Flamands et Wallons plaident en faveur de l'intégrité maintenue du royaume d'Albert II.

Inversement, les motifs d'éloignement se multiplient. Les opinions francophone et flamande vivent désormais dans des univers distincts, de même que leurs responsables politiques. Encouragés par un système fédéral qui ne les responsabilise que devant leur propre communauté, ils se livrent à une surenchère permanente et délétère.

A cela s'ajoutent des performances économiques divergentes, le conditionnement de l'opinion flamande en faveur d'un divorce, la montée en Flandre d'un nationalisme égoïste et une communication quasi inexistante entre les deux rives de la frontière linguistique. Si le vote, intervenu mercredi 7 novembre à la commission de l'intérieur de la Chambre, a créé un tel choc, c'est qu'il peut être considéré comme une rupture spectaculaire, par les partis flamands, du "pacte" qui, bon gré mal gré, unissait les deux grandes communautés nationales.

Obnubilée par ses aspirations régionalistes, la Flandre n'a pas voulu prendre en compte le symbole que représente la Belgique : carrefour des langues et des cultures, le pays a longtemps fait figure de véritable laboratoire pour l'Union européenne et les valeurs qu'elle promeut.

Dans les jours qui viennent, les Belges vont devoir se demander s'ils entendent poursuivre ou non leur expérience commune. Les Flamands auront à s'interroger sur le réalisme de leurs revendications ultra-autonomistes, qui peuvent conduire l'Etat belge à sa fin. Et les francophones ne pourront échapper à la logique d'une négociation portant sur une nouvelle réforme institutionnelle, raisonnée et raisonnable.

Les élus belges doivent, tout simplement, renouer avec leur vieille tradition de dialogue. Il y a urgence pour eux et pour beaucoup d'autres.
Article paru dans l'édition du 11.11.07.

Publicité
Commentaires
Publicité