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Gauche ouvrière et chrétienne
23 octobre 2007

Benoît XVI et 200 dignitaires religieux dénoncent la haine au nom de Dieu

LE MONDE | 22.10.07
NAPLES ENVOYÉ SPÉCIAL

Depuis dimanche 21 octobre, pour trois jours, Naples accueille 200 responsables de religions confrontées à la violence de l'extrémisme religieux. Dès l'ouverture au Théâtre Saint-Charles, Andrea Riccardi, fondateur de la communauté de Sant'Egidio qui a organisé la rencontre, a traduit le "pessimisme mondial" devant la "culture du mépris" de l'autre - l'autre religion, l'autre ethnie, l'autre nation - et l'instrumentalisation politique des convictions de foi. Un hommage a été rendu à la "force désarmée" des moines birmans.


L'événement fut, pour la première fois, à la rencontre annuelle de Sant'Egido, d'un pape Benoît XVI, réputé méfiant vis-à-vis de ces manifestations et prières communes pour la paix dont il craint les risques de "syncrétisme".

Sa brève visite à Naples marque un tournant. Sacrifiant au rite de la photo de famille, il a pu s'entretenir à table avec des personnalités comme le patriarche Bartholomée de Constantinople, Rowan Williams, chef de la Communion anglicane, Yona Metzger, grand rabbin d'Israël, Ibrahim Ezzedin, théologien des Emirats arabes unis.

Face aux rabbins, aux ayatollahs d'Iran, aux imams d'Arabie saoudite, du Liban, du Qatar, du Maroc, d'Indonésie, du Pakistan, aux représentants du bouddhisme japonais, de l'hindouisme, du shintoïsme, il a réitéré l'engagement de l'Eglise catholique en faveur de l'"authentique esprit d'Assise". Ce dialogue entre les religions tel que l'avait ouvert Jean Paul II en 1986, mais qui "respecte bien les différences".

A cette condition, a-t-il dit, applaudi, "dans un monde lacéré par les conflits", toutes les religions sont appelées à "s'engager pour la paix et la réconciliation entre les peuples". Elevant la voix, il a ajouté : "Jamais les religions ne doivent devenir le vecteur de la haine. Jamais l'invocation du nom de Dieu ne doit conduire à la violence. Au contraire, elles doivent favoriser l'entente entre les cultures, traditions et sagesses (...), là où sont niés la liberté et le respect des autres et où hommes et femmes souffrent des conséquences de l'intolérance."

La discussion a été plus poussée entre le pape et Ibrahim Ezzedin, l'un des rédacteurs de la lettre au Saint-Siège adressée à la fin du ramadan par 138 dignitaires musulmans. Depuis la visite de Benoît XVI à Istanbul en novembre 2006, les relations se sont améliorées entre le pape et l'islam.

On en regrettait d'autant plus, à Naples, qu'il n'ait pas tracé des perspectives plus fermes au dialogue et ne se soit pas attardé dans cette rencontre où, après son départ, les responsables religieux ont à leur tour condamné la "trahison" de la religion par la violence. Et où furent constatées d'étonnantes convergences comme celle du rabbin d'Israël et d'Ibrahim Ezzedine réclamant l'institution d'une ONU des religions dotée d'un secrétariat permanent "pour ne pas laisser aux seuls diplomates le devoir de travailler pour la paix".
Henri Tincq
Article paru dans l'édition du 23.10.07.

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