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Gauche ouvrière et chrétienne
3 juillet 2007

FRANCHISE MEDICALE:"Une mesure stupide d'un point de vue financier"

NOUVELOBS.COM | 02.07.2007 | 12:42

Qu'est-ce que la franchise médicale ? Les nouvelles modalités d'application évoquées, qui prendraient en compte la situation du malade vous satisfont-elles ?

- Comme pour toute franchise d'assurance, elle doit servir à ce que toute les dépenses ne soient pas remboursées. Il s'agit d'une somme à la charge du malade. Il est difficile de se prononcer sur les modalités, elles sont imprécises, mais nous sommes opposés à toute franchise médicale. C'est un principe détestable car il consiste à traiter l'assurance maladie comme une assurance traditionnelle. Quand on casse sa voiture, on est en partie responsable, alors que ce n'est pas de la responsabilité du malade d'avoir des problèmes de santé. L'assurance maladie se distingue des autres assurances. Cette franchise pénalise les revenus les moins élevés. Quand on gagne beaucoup, 50 ou 100 euros à dépenser ce n'est pas un problème. Pour les pauvres, cela représente un frein, ils ne peuvent pas se permettre de payer cette somme pour se faire soigner. Ils ne vont donc pas se soigner dès le début de leur maladie. Alors qu'il est plus facile de la traiter quand elle se déclare, ils vont attendre. Leurs soins deviendront plus importants. En fait, cette franchise aggrave les risques pour le malade et aggrave le déficit de la Sécurité Sociale. Le patient ne se fera plus soigner chez son médecin, mais à l'hôpital.

Avez-vous l'impression d'avoir été écouté ? Voyez-vous dans les évolutions du gouvernement l'influence de Martin Hirsch ?

- Pour le moment, nous n'avons pas l'impression d'avoir été écoutés. Nous allons développer un front unitaire. On peut s'appuyer sur une opinion majoritairement opposée à cette réforme. La pétition de deux médecins Christian Lehmann et de Martin Winckler contre l'instauration de la franchise a déjà recueillis 50.000 signatures. A la rentrée, nous préparons un grand événement "4 heures contre la franchise médicale et pour l'accès aux soins pour tous", le 29 septembre, en présence de syndicalistes, des représentants des milieux associatifs, et de la Ligue des Droits de l'Homme. Une grande manifestation publique est également prévue fin octobre.

On ne sait pas bien si le gouvernement a évolué. On voit qu'il hésite car il fait face à un mouvement d'opinion contre cette mesure. Martin Hirsch avait annoncé avant son entrée au gouvernement qu'il s'opposait à cette franchise. Il a dû se faire convaincre par ses collègues! Il fait partie de ce gouvernement, il le soutient donc, même si on imagine qu'il existe des nuances entre telle ou telle personne.

Quelles sont les réformes alternatives à la franchise pour financer les dépenses de santé ?

- Avant son élection, le Président de la République nous expliquait que cette réforme devait financer les dépenses de santé. Maintenant, il nous explique que cette franchise devrait financer la recherche contre la maladie d'Alzheimer. Il faut être clair. D'autant que la Sécurité sociale n'a jamais financé la recherche. Par ailleurs, les franchises aggraveraient le déficit. C'est une mesure stupide d'un point de vue financier. Nous pensons de toute façon, qu'il faut sortir d'une vision comptable du système de santé. Une réforme globale avec un financement amélioré s'impose.

Premièrement, nous devons passer d'un système de soins à un système de santé. Il faut traiter les risques environnementaux et ceux liés au travail. Il faut aussi améliorer la coordination entre les soins de la ville et l'hôpital public. Le patient doit être suivi de son médecin à l'hôpital.

Deuxièmement, une politique d'aménagement du territoire est nécessaire. Il existe des zones désertiques. A Nice, si vous cherchez un dermatologue vous avez le choix, alors qu'il est très difficile d'en trouver un dans le Nord de la France, c'est quasiment impossible. Il faut donc mener une politique volontariste d'installation de médecins, car il faut pouvoir traiter la pathologie dès qu'elle se déclare.

Troisièmement, l'utilisation des génériques doit être rendue obligatoire. Nous devons également évaluer l'efficacité de tout nouveau médicament entrant sur le marché. Certains, n'apportent pas de résultats supplémentaires. Dans ce marché des médicaments, les prix sont libres. Les patients paient les profits des multinationales. Nous nous opposons ainsi à leur publicité. Par ailleurs, nous estimons que la formation des médecins doit être indépendante de l'industrie pharmaceutique.

Enfin, pour pallier le manque de recettes de l'assurance maladie, nous proposons de taxer les revenus du capital, en modifiant l'assiette de la CSG, afin de la rendre plus progressive. Il faut augmenter les cotisations patronales, les étendre à l'ensemble de la valeur ajoutée.

Propos recueillis par Alain Roux

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