Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Gauche ouvrière et chrétienne
8 mai 2007

Sept syndicalistes commentent le résultat

Ce que disent les sept syndicalistes,la G.O.C. l'avait deja dis depuis des mois avant la nomination de Royal par le PS après et pendant la campagne officielle pour la présidentielle.
Nous avons dis aussi que l'appel au vote utile avait diminué les petits partis.
Maintenant,il faut d'abord penser aux législatives de façon à empecher que la droite est une majorité absolue et aussi faire une vraie gauche mais que tous les partis soient dans le meme moule comme le voudrait le PS mais qu'ils gardent tous leur spécificité et indépendances;mais,il faut absolument qu'une gauche vraie et forte ressorte de cette défaite

Le Président de la G.O.C.


                       

Pour l’Humanité, elles et ils avaient participé à une table-ronde avec Marie-George Buffet et analysé les résultats du premier tour. Hier soir, ils ont réagi à l’élection de Nicolas Sarkozy.

                                         

Marie-Hélène Bourlard,

Déléguée CGT de ECCE (Poix-du-Nord)

« Je suis déçue, tout en sachant ce qui allait arriver : Ségolène Royal n’avait pas un programme de gauche. Elle aurait été plus à gauche, avec un programme plus clair, les gens auraient peut-être voté pour elle. Avec Sarkozy, nous allons en baver. Nous, à l’usine ECCE, en novembre prochain, on n’aura plus de travail (la fermeture de cette usine textile est programmée, dans le cadre d’une délocalisation d’activité - NDLR). Sarkozy a dit « travailler plus pour gagner plus » : eh bien, moi, j’attend qu’en novembre, mon usine puisse rester ouverte. J’espère que les gens qui ont voté pour Sarkozy ne le regretteront pas, parce que son programme est grave. De toute façon, nous nous sommes toujours bagarrés, on va continuer. Mais j’espère aussi que ça va faire réfléchir cette gauche socialiste. Moi, j’ai voté blanc. Quand j’ai vu que Ségolène allait appeller Bayrou dans son gouvernement, j’ai eu les boules : pourquoi n’a-t-elle pas dit qu’elle allait prendre Marie-George Buffet ? ! Bayrou a tout de même voté toutes les lois avec Sarkozy dans le gouvernement. J’ai un goût amer. Maintenant, on va reprendre notre bâton de lutte. »

Charles Rey,

animateur de l’association des Anciens de Thomé-Génot (Nouzonville)

« Je suis fort déçu. Que des millions d’ouvriers aient voté, et que ça soit la droite qui passe... Je suis plus qu’inquiet, y compris pour les salariés qui ont du travail. Je crois que la répression va se durcir. Avant, quand il était seulement ministre de l’Intérieur, Sarkozy avait beaucoup de pouvoirs, mais il avait encore les mains liées, Chirac étant président : maintenant qu’il a les deux mains libres... Le mouvement ouvrier va prendre une claque. Les gens ne le comprennent pas. Pendant le débat de l’entre-deux-tours, j’étais confiant ; après, j’ai eu des doutes, je voyais en discutant avec les gens que ça ne prenait pas, qu’ils ne changeraient pas d’opinion. Il aurait fallu bien centrer le discours sur la gauche, les ouvriers, le chômage, avant de dire qu’on allait revenir vers le centre, Bayrou... Ségolène parlait des problèmes, des usines qui ferment, etc., mais sans rien amener de concret. Elle ne l’avait pas dans le ventre comme lorsque Besancenot, Marie-George Buffet, Laguiller parlent de ces questions. Maintenant, on va avoir sur le dos le président, le gouvernement, plus les patrons, les actionnaires : la totale ! Il va falloir lutter, continuer à lutter, comme on l’a fait à Thomé-Génot. Malgré les promesses qu’on nous a faites, nous avons un collègue qui passe mercredi au tribunal pour ce qui s’est passé pendant nos manifestations. Alors que le patron qui a piqué tout le pognon de notre usine et mis 300 personnes au chômage, il est sous les cocotiers en Amérique. »

Thierry Le Paon,

syndicaliste CGT, ancien délégué de Moulinex

« Je note d’abord avec satisfaction le taux de participation. C’est un échec pour ceux qui avaient appellé à l’abstention, à commencer par Le Pen. Cela signifie une volonté de participer, de dire son mot. Je fais, de ce point de vue, le lien entre ce qu’on a connu lors du mouvement contre le CPE, lors du référendum de 2005, et le résultat de ce soir : dans tous les cas, il y a intervention des gens, sur les terrain social, européen et national. Quand au verdict des urnes, il confirme le premier tour. La gauche ne rassemble pas. Un vaste chantier est ouvert. Quelque chose de profond. Le plus profond, c’est qu’aujourd’hui la droite incarne le changement, y compris sur le travail, ce qui est un comble. La gauche a une responsabilité immense. Les syndicalistes aussi sont aussi responsabilisés. Il va falloir à la fois lutter, rassembler et proposer. La recherche des issues est aussi importante que l’envie de dire « non ». Le syndicalisme est à un tournant. Il ne suffit plus de rassembler les gens mécontents, il faut rassembler sur des solutions. Une autre responsabilité nous incombe : l’unité syndicale. Il faut que les salariés se réapproprient le syndicalisme, comme ils viennent de se réapproprier le politique. Il y a déjà de grands rendez-vous : les salaires, en juillet, les retraites dans quelques mois, et la question du coût du travail, des cotisations sociales. Il faudra qu’on soit force de proposition sur tous ces sujets, qu’on soit capable de rassembler et d’unir les syndicats. Il ne suffit pas de dire à un salarié au smic qu’il ne gagne pas assez, il faut l’aider à comprendre comment on peut augmenter son salaire. Dans cette campagne, en face de Sarkozy, il y a eu beaucoup de compassion, de dame de charité, mais il n’y a pas eu beaucoup de propositions à la hauteur des problèmes. »

Roselyne Thefault

Secrétaire du comité d’entreprise d’Aubade (CGT)

« J’avais un peu d’espoir, maintenant je ressens comme de l’abattement. Il va falloir être vigilants, mais je me demande où Sarkozy va nous emmener. Je suis sceptique sur sa politique, autour de moi aussi, on sent que c’est très grave. Mais je suis tout de même surprise du résultat ici. On a 140 licenciement et c’est Sarkozy qui est devant, même si c’est avec seulement trois voix de différence. Il y a des ouvriers qui ont voté pour lui. Je n’arrive pas à comprendre cela. Ils n’en ont pas assez bavé ! Et on voit bien ce qu’il nous annonce : travailler plus pour gagner plus, alors qu’il y a plein de boîtes qui ferment. Mais je pense aussi que la gauche n’a pas été assez réactive, elle aurait dû monter davantage au créneau. Il faut maintenant qu’elle continue à se battre. Je pense à celles qui sont au chômage et à ce que Sarkozy dit : au bout de deux propositions que vous n’acceptez pas, on coupe toutes les allocations. »

Alain Cammas

Ancien salarié de Polimeri, maire adjoint (PCF) de Vizille

« Même si les choses étaient prévisibles, je suis secoué. Ce qui nous attend est angoissant mais la bataille n’est pas terminée. Il va falloir serrer les boulons, être viogilants au niveau syndical comme au niveau politique. Les législatives ne sont pas un troisième tour mais après ce semi-plébiscite il sera important de marquer une résistance sinon Sarkozy aura la porte ouverte pour s’attaquer au Code du travail, à l’éducation nationale, etc. La déclaration de Ségolène Royal à l’annonce du résultat ne me rassure pas. On sent que la tentation d’aller vers le centre, l’envie de tourner la page et d’aller vers une social-démocratie qui laisserait quelques miettes à la gauche antilibérale est très forte. Le deuxième tour confirme que les Français ont été anésthésiés par les propos démagogiques de Nicolas Sarkozy et ont oublié qu’il vient d’être pendant cinq ans aux affaires. C’est un tour de passe-passe assez fort. L’important maintenant cde s’atteler à la bataille des législatives. L’élection de Sarkozy est une catastrophe pour les travailleurs et les plus faibles, il ne faut pas que ce résultat soit amplifié à l’Assemblée nationale. »

Patrick Candela

Ancien secrétaire (CGT) du comité d’entreprise de Nestlé Saint-Menet

« Je ne suis pas étonné. Et je sens autour de moi du désarroi, beaucoup d’inquiétude et en même temps l’envie de résister, de ne pas laisser mettre en oeuvre ce que Sarkozy préconise pour notre pays.

Ségolène Royal a bénéficié de l’apport de toutes les voix de gauche malgré le contenu de son projet largement en deça de ce qu’on pouvait espérer d’une candidate socialiste. La démonstration est faite que l’affaiblissement du courant antilibéral, notamment du courant communiste en France ne fait pas gagner la gauche. Les clins d’oeil au centre droit ne font pas non plus gagner la gauche. Cela doit faire réfléchir. On a tout intérêt à poser la question de la gauche dans ce pays, pour qu’elle soit porteuse d’un projet alternatif et de rêves. Ce n’est pas avec une gauche molle, en demi teinte, sociale démocrate, qui de surcroît s’accoquine avec le centre droit qu’on fera face à la révolution conservatrice prônée par Sarkozy.

Je souhaite un ressaisissement de la gauche antilibérale, de l’ensemble de la gauche sur des bases progressistes qui portent un projet de société remettant en cause les forces de l’argent. Pour cela le parti communiste doit jouer un rôle, non pas central, mais essentiel. Il doit être ouvert, rassembleur et poser la question de ce rassemblement.

Je pense surtout au monde du travail. Ce n’est pas avec un président comme Nicolas Sarkozy qu’on luttera contre les délocalisations, contre la vie chère et contre l’Europe atlantiste qui se met en place. Il faut donc se rassembler pour qu’à l’Assemblée nationale il y ait une opposition très forte à ce projet de société pour la France, pour l’Europe et au delà. »

Xavier Petrachi

Délégué syndical central CGT d’Airbus France

« Le score de Sarkozy montre que des salariés, des gens des couches populaires ont voté pour lui. Cela fait mal au coeur qu’il aillent contre leur propre intérêt. Pour Airbus, que fera Sarkozy ? Il a promis que si il était élu il examinerait le dossier en urgence . Est-ce qu’il mettra à plat le plan Power 8, est-ce qu’il arrêtera la vente de Meault, donc la vente par appartement d’Airbus ? Je ne me fais pas beaucoup d’illusion. Je pense aux salariés en grève à Nantes et Saint-Nazaire, est-ce que ce résultat va les conforter dans leur opposition à ce libéralisme ? Au delà du résultat des élections c’est le mouvement des salariés qui fera la différence. On sait que Sarkozy veut s’en prendre au code du travail, que son ennemi public numéro Un c’est le secrétaire général de la CGT, il faudra gérer tout cela dans les jours qui viennent. J’espère que la gauche va commencer à redresser la tête et surtout revenir à la dynamique qu’on a connu avec le référendum. Les candidat antilibéraux ont fait des scores lamentables. Il faut sortir d’une gauche de parti au profit de tous ceux qui croient qu’il y a une autre politique que le libéralisme. »

Propos recueillis par Yves Housson et Jacqueline Sellem


Publicité
Commentaires
Publicité