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Gauche ouvrière et chrétienne
17 octobre 2008

Villepin et les carnets noirs des RG

Qu'est ce qui va encore sortir de nouveau et de scandaleux danc cette affaire clearstream?

combien de révélatiions avant le jugement?

et avant ou pendant le jugement va ton avoir une affaire d'Etat? ou ce jugement accouchera t il d'une souris?

nous avons encore un an à attendre ;mais d'ici là ,il pourrait y avoir d'autres révélations .

Le Président de la G.O.C. (futur M.D.C.)

SEMAINE DU JEUDI 16 Octobre 2008

À la Une < Le Nouvel Observateur < Villepin et les carnets noirs des RG
      

La face cachee de l'affaire Clearstream
Villepin et les carnets noirs des RG
Par quelle extraordinaire coïncidence la plupart des noms introduits dans les faux listings de Clearstream se retrouvent-ils aussi dans les petits carnets de l'ancien patron des Renseignements généraux ? Cette piste a été peu explorée par la justice. Dommage...

Surtout continuer à sourire. Ne rien laisser paraître. Même dans la tempête. Ce 6 octobre, le parquet de Paris vient de demander le renvoi de l'ancien Premier ministre devant le tribunal correctionnel. Le coup est rude. Le «capitaine Fracasse» de la politique va devoir patienter encore une bonne année dans le couloir de la mort. Le procès Clearstream est programmé pour septembre 2009. Un an à garder la pose «ultrabrite». Sourire encore. Sous la mitraille. Garder son calme quand la presse publie, au même moment, les carnets noirs de l'ancien directeur des RG Yves Bertrand. Les notes explosives du policier ramènent encore une fois au fameux cabinet noir de Dominique de Villepin, cette cellule soupçonnée d'avoir agi dans l'ombre, en 2003 et 2004, pour déstabiliser Nicolas Sarkozy et lui barrer la route de l'Elysée.
Il y a quelques jours, l'horizon semblait pourtant s'éclaircir. La rumeur du non-lieu courait le palais de justice. Le président lui-même semblait en avoir fini avec les tirades vengeresses à l'égard de celui qu'il soupçonnait d'être le chef du complot visant à l'abattre. Il paraissait avoir tourné la page. Il avait même reçu son frère ennemi à l'Elysée, le 18 juin puis le 5 septembre, pour discuter avec lui des affaires du monde. Pour Villepin, tous les signaux étaient à la détente. Et puis, en quelques heures, le rêve d'un retour immédiat en politique s'est effondré. La main tendue par le président cachait-elle une dague ? C'est ce que pensent les «amis de Dominique». Ce dernier est convaincu que Sarkozy l'a «plombé» en pesant sur la hiérarchie judiciaire. Le président l'a «baladé» en lui faisant croire à une réconciliation possible.

Sarko m'a tuer ? Pas encore, jure l'homme blessé. Cette gifle judiciaire lui a redonné de la pugnacité. Il prépare déjà son procès. Il va se plonger encore une fois dans son dossier, truffé de chausse-trapes, de manipulations en tout genre, d'incohérences, de mensonges et de trous noirs. Une histoire où se télescopent dans un joyeux désordre George Smiley, Filochard et Ribouldingue. Dominique de Villepin imagine déjà son rôle, presque le même que celui que Robert Hossein lui a proposé pour sa pièce de théâtre sur l'affaire Seznec. Le metteur en scène le voyait bien dans la peau de l'avocat Kahn, le défenseurde Guillaume Seznec, joué, lui, par... Johnny Hallyday Il a décliné la proposition. Ses arguments sont déjà prêts.
Un ministre de l'Intérieur, chef de la police, qui porte plainte contre son Premier ministre et qui devient président de la République, le cas est unique dans les annales. La thèse de Villepin est simple : Nicolas Sarkozy s'est lui-même «victimisé» en utilisant ses propres services de police pour mener une enquête à charge contre son rival, aidé en cela par des magistrats complaisants qui n'ont jamais voulu regarder ailleurs que dans la direction qu'on leur montrait. Haro donc sur Villepin. Les trois cents autres noms inscrits sur les listings Clearstream ? Oubliés. Les 41 parties civiles qui ne souhaitaient pas être enfermées dans un simple duel Nicolas- Dominique ? Négligées.
Et si la vraie enquête avait lieu au procès, lieu de toutes les confrontations ? «Nul ne sait ce qui peut sortir de ce déballage», frémit un hiérarque de l'UMP Et tous les regards se tournent vers celui qui sait tout : Imad Lahoud, le mathématicien franco-libanais. C'est lui qui, pour l'accusation, a truffé de noms les listings de la banque de compensation luxembourgeoise, récupérés chez le journaliste Denis Robert au printemps 2003. Un personnage pittoresque, ce Lahoud, petit génie de l'informatique pour les uns, escroc de haut vol et mythomane invétéré pour les autres. Il a une particularité, et ce n'est pas un détail : il est chiraquien «par alliance». Il a épousé la fille du banquier François Heilbronner, qui fut l'un des plus proches collaborateurs de Jacques Chirac à la mairie de Paris. En 2002, il a entraîné son beau-père dans une faillite frauduleuse et écopé de quelques mois de prison. A sa sortie, fin 2002, il cherche du travail. C'est alors qu'il rencontre Jean-Louis Gergorin, vice-président d'EADS, qui va lui offrir un poste dans le consortium européen. Ces deux-là se sont trouvés. L'un voit des complots partout. L'autre est un champion des manigances. Quand Jean-Luc Lagardère meurt soudainement, le 7 mars 2003, Gergorin est convaincu que le patron d'EADS a été assassiné par la mafia russe. Les nouveaux parrains moscovites veulent s'emparer d'EADS, avec l'aide de quelques traîtres français installés à l'intérieur de la maison. Lahoud va l'aider à les démasquer...

En ce début d'année 2003, Imad Lahoud est un homme très courtisé par les services secrets français. C'est un multicarte du renseignement. Il est «traité» par la DGSE, nom de code Tiphose, «filoché» par la DST, récupéré par le général Rondot, nom de code Mahdi. Mais ce n'est pas tout : il est en contact régulier avec une commissaire des RG, Brigitte Henri, plus proche collaboratrice d'Yves Bertrand, l'inamovible directeur de la Direction centrale des Renseignements généraux de 1992 à 2004. Place-Beauvau, chacun connaît le rôle très particulier de Brigitte Henri. Elle est chargée des dossiers ultrasensibles et n'en réfère qu'à Bertrand. Toutes ses enquêtes sont marquées du signe de l'opacité. On murmure que le patron a «gouroutisé» cette enquêtrice rigoureuse, fille de militaires. Officiellement, elle a vu Imad Lahoud près d'une dizaine de fois et elle a même dîné chez lui parce qu'il pouvait l'aider à adopter un enfant libanais. Petit problème : le Liban n'a pas de convention d'adoption avec la France. Etrange...
De quoi pouvaient donc bien parler Lahoud et la policière à chacune de leurs rencontres, entre le printemps et l'automne 2003, moment-clé de l'affaire Clearstream : l'époque où Imad Lahoud aurait confectionné les faux listings ? Autre mystère : le premier contact n'a eu lieu, selon le témoignage des intéressés, qu'en 2003. Or, selon les carnets de notes d'Yves Bertrand récupérés par les juges le 16 janvier 2008 (voir ci-contre), le directeur des RG évoque l'existence de Lahoud dès le 8 mai 2001. Près de deux ans plus tôt. «Pourrait Wer c. L J.», écrit Bertrand. Traduction : «Pourrait travailler contre Lionel Jospin». Et cette note manuscrite est précédée de la mention «BH élément écrit»... «BH», bien sûr, c'est Brigitte Henri. Pour la plupart des spécialistes, il ne fait aucun doute qu'elle «traitait» Imad Lahoud dès cette date, sur ordre de son patron. A-t-elle rendu visite à son contact libanais quand il était en prison, à l'automne 2002, comme certains enquêteurs le soupçonnent ? Impossible de répondre : le registre des visiteurs de Lahoud a mystérieusement disparu.
Ainsi, au fil des révélations de ces carnets noirs s'esquisse un possible scénario : Yves Bertrand, grand consommateur d'informations confidentielles, l'homme au «placard plein de secrets», comme il aimait à se présenter, aurait instrumentalisé Imad Lahoud pour éliminer Nicolas Sarkozy de la course à la présidence de l'UMP «Cette hypothèse n'est pas absurde, affirme un haut fonctionnaire des RG. Il avait cette réputation de comploteur, c'est sûr. C'est le secret de sa longévité. Il est resté douze ans en poste et fournissait des notes sur la vie privée des uns et des autres, exactement comme Fouché le faisait avec Napoléon, par le système des notes blanches, non signées, donc susceptibles de colporter les pires ragots. Quand Sarkozy est arrivé au ministère de l'Intérieur, il a voulu virer Bertrand, mais Chirac s'y est opposé fermement. Sarko a tout de même supprimé la pratique des notes blanches, à la grande fureur de Bertrand. Entre 2003 et 2004, les RG sont devenus une vraie pétaudière...»
Etrange période, décidément. Yves Bertrand, mis sur la touche par le nouveau ministre de l'Intérieur, rumine sa rancune contre son patron; il rend régulièrement visite à Dominique de Villepin à Matignon. Il veut se rendre utile et servir le président. On le voit souvent au côté de Philippe Massoni, conseiller de Jacques Chirac pour les problèmes de sécurité. On les sur nomme le «club des paupières lourdes». Dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, on ne doute pas une seconde que les deux hommes aient comploté contre lui. Claude Guéant, aujourd'hui secrétaire général de l'Elysée et grand connaisseur de la machine policière - il fut directeur général de la Police nationale -, a rapporté au «Canard enchaîné» une prise de bec musclée entre Sarkozy et Bertrand. Convoqué au siège de l'UMP, ce dernier s'est entendu accuser «en termes très vifs d'être l'instigateur de l'affaire Clearstream, et ce sur des bases crédibles...». Yves Bertrand lui-même confirme la scène.
Entendu par les juges d'Huy et Pons, l'ex-directeur des RG nie toute implication dans l'affaire Clearstream. Les contacts entre Brigitte Henri et Imad Lahoud au moment même où les listings étaient falsifiés ? Un pur hasard. Les juges n'ont pas réussi à obtenir plus de lumières sur ce sujet. Pas plus qu'ils n'ont pu répondre à la question cruciale : par quelle incroyable coïncidence la plupart des noms consignés sur les listings Clearstream se retrouvent-ils aussi dans les carnets d'Yves Bertrand ? Comme ceux de Philippe Guglielmi, ancien maître du Grand Orient de France de 1996 à 1999, ou d'Alain Bauer, son successeur de 2000 à 2003, aujourd'hui proche de Nicolas Sarkozy. Dans la seconde note que nous publions ici (voir ci-contre), le nom de Bauer côtoie celui de Gilbert Flam, un magistrat de gauche soupçonné par Bertrand d'enquêter, pour le compte de Lionel Jospin, sur les liens financiers entre Jacques Chirac et le milliardaire libanais Rafic Hariri. Flam se retrouvera lui aussi dans les listings Clearstream. Tout comme Bernard Squarcini, adjoint et rival du directeur des RG, suspect de sarkozysme.
Et pourtant... Alors qu'ils ont perquisitionné au sommet de l'Etat - au ministère de la Défense dans les bureaux de Michèle Alliot-Marie, au secrétariat général de la Défense nationale, au siège de la DGS, au domicile de Dominique de Villepin et jusque «sous le matelas des enfants», les juges d'Huy et Pons n'ont pas jugé bon de pousser la porte des RG. «On les comprend, dit un commissaire de la DCRI (Direction centrale du Renseignement intérieur). Ils ne voulaient pas ouvrir la boîte de Pandore. Dans les carnets de Bertrand, on découvre par exemple qu'il a rencontré à onze reprises le juge Courroye, lequel a instruit l'affaire de l'Angolagate. De là à ce qu'ils prouvent qu'une manipulation a été montée par les RG pour éliminer Charles Pasqua en 2002... D'ailleurs, c'est drôle, dans le listing Clearstream, on retrouve aussi la plupart des acteurs de l'affaire Falcone...»
Cette thèse qui donne aux RG un rôle central dans la manipulation, un homme la soutient ouvertement : l'avocat Alain Guilloux, qui comparaît actuellement au procès de l'Angolagate en compagnie de Charles Pasqua et d'une dizaine d'autres accusés. Il réclame que les carnets noirs d'Yves Bertrand, les vingt-trois carnets à spirale qui couvrent la période 1998-2003, soient présentés au tribunal. Et que leur auteur soit cité à la barre.
Pour Yves Bertrand, tout ça n'est que ragots et calomnies. Il récuse toutes ces accusations avec indignation. Ses carnets ? Aucun intérêt. Ce ne sont que «des brouillons que j'utilisais au quotidien pour vérifier des informations qui pouvaient être totalement farfelues. Ils n'ont pas la moindre valeur juridique». Connaissait-il Imad Lahoud ? Il se souvient vaguement avoir gribouillé son nom, mais ne l'a jamais rencontré et n'a jamais demandé à Brigitte Henri de le «traiter». Cette piste des RG, peu explorée, aurait-elle pu modifier le cours de l'enquête ? Troublante question qui en appelle bien d'autres : si les RG étaient impliqués dans le scandale des faux listings, agissaient-ils sur ordre ou de leur propre chef ? Que savait Dominique de Villepin, qui - toujours selon les fameux carnets - a rencontré trente-trois fois Bertrand entre le 8 janvier 2001 et le 22 octobre 2002 ?
Au parquet de Paris, on balaie toutes ces interrogations. «Cela ne change rien à l'accusation portée contre Villepin, même s'il a été berné par d'autres manipulateurs que lui-même. Dans le dossier, c'est vrai, rien ne prouve qu'il était au courant dès le début de la falsification des listings, mais il a traîné les pieds pour avertir la justice au cours de l'été 2004. C'est pour cette seule raison que son renvoi en correctionnelle a été requis, pour complicité par abstention de dénonciation calomnieuse.»
Dominique de Villepin réfute en bloc cette argumentation. Il ne savait pas. Point final. Complice par abstention... Le délit paraît presque dérisoire. Terrible destin pour celui qui rêvait de tutoyer l'Histoire, de frôler les abîmes du temps, de se frotter aux tempêtes du monde. Il est ficelé dans une affaire à tiroirs plus extravagante qu'un polar de gare. Une galerie des glaces habitée par un nid d'espions. Encore un an à traîner cette vieille gamelle. Putain, un an !

Yves Bertrand
Yves Bertrand, directeur des Renseignements généraux, de 1992 à 2004, a noté tous les petits et les grands secrets de la République sur des carnets à spirale. Il est soupçonné d'avoir voulu déstabiliser Nicolas Sarkozy.

Les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons
Les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons, de la section financière parisienne, instruisent l'affaire Clearstream depuis septembre 2004. Ils ont récupéré les carnets du patron des RG, le 16 janvier dernier.

Imad Lahoud
Imad Lahoud est accusé d'être le falsificateur des listings Clearstream visant à abattre Nicolas Sarkozy. Dans le document ci-dessous, tiré des carnets du patron des RG, rédigé le 8 mai 2001, il apparaît comme pouvant être utilisé pour nuire à la candidature de Lionel Jospin à l'élection présidentielle. On peut lire : «Un Libanais, 90 avenue Niel, né le 7 octobre 1967 à Beyrouth, gendre de Fr. Heilbronner, s'est converti au judaïsme pour épouser la fille d'Heilbronner/Pourrait Wer c. L.J» (pourrait travailler contre Lionel Jospin).

Alain Bauer
Alain Bauer, maître du Grand Orient de France de 2000 à 2003, figure lui aussi dans une note d'Yves Bertrand, datée de 2002. Or Alain Bauer est un des informateurs principaux de Sarkozy sur la machination Clearstream.

«Alain Bauer, ami de PB [Patrick Bergougnoux, haut fonctionnaire au ministère de l'Intérieur, ndlr], se trimballe dans les dîners en disant : je suis le conseiller spécial de Ph M [Philippe Massoni, conseiller de Chirac, ndlr] (Le Figaro dans les loges), se réclame de Philippe Mass et du CSI (Conseil de Sécurité intérieure) pour résoudre affaire Sécurité Sans Frontière [officine considérée comme agissant dans l'intérêt de Chirac]. Flam aft une enquête sur l'argent perçu depuis 20 ans par Chirac par Hariri. Comptes Cléo.»

Serge Raffy
Le Nouvel Observateur

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