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Gauche ouvrière et chrétienne
25 mai 2008

L'échec de Mbeki

éditorial

LE MONDE | 24.05.08   

         

A la veille des premières élections multiraciales du pays, en 1994, les responsables sud-africains promettaient "une vie meilleure pour tous". Les violences xénophobes qui embrasent les townships sud-africains témoignent que cet engagement des dirigeants noirs n'a pas été tenu.

L'exaspération de millions de déshérités vivant dans les bidonvilles de Johannesburg, l'agglomération économique, s'est retournée contre les immigrés venus en masse des pays voisins, notamment du Zimbabwe. Accusés de voler les emplois aux Noirs sud-africains et d'être responsables de l'insécurité, les immigrés servent de boucs émissaires. Des dizaines d'entre eux ont été tués ; des milliers d'autres ont dû trouver refuge dans des églises et des commissariats transformés en camps de réfugiés. La gravité de la situation a conduit l'armée à intervenir en appui des forces de police.

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A un an de la fin de son mandat, le président Thabo Mbeki porte une lourde responsabilité dans cette situation dramatique. Grâce à lui, l'Afrique du Sud a certes connu une croissance remarquable au cours des dernières années, sans équivalent sur le continent. Mais la croissance a profité à une minorité de Noirs.

Frappés par la hausse des prix des produits alimentaires, victimes d'un chômage de masse qui touche entre 30 % et 40 % de la population active, la plupart des Sud-Africains vivent de plus en plus difficilement. Ils ont la conviction d'avoir été abandonnés par l'Etat. L'arrivée de près de cinq millions d'immigrés fuyant les troubles politiques dans leur pays natal n'a fait que révéler ce malaise profond.

Le président Mbeki paie une seconde erreur. Celle de s'être montré trop complaisant vis-à-vis du régime au pouvoir au Zimbabwe. Par ses déclarations lénifiantes répétées sur la crise qui secoue son voisin, par son refus de sanctionner les dérives du régime de Robert Mugabe, le président Thabo Mbeki a fait le jeu du dictateur au pouvoir à Harare. S'il s'était montré plus ferme, s'il avait mis à profit l'influence de l'Afrique du Sud pour contraindre Mugabe à céder le pouvoir, le président Mbeki n'aurait pas été obligé d'accueillir sur son sol plus d'un million de Zimbabwéens chassés de leur pays.

Article paru dans l'édition du 25.05.08.   le monde

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