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Gauche ouvrière et chrétienne
21 mai 2008

Seconde vie pour le Viagra dans des maladies graves

Jean-Michel Bader
13/05/2008 | le figaro

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La petite gélule bleue contre l'impuissance, archétype du médicament de confort, serait utile dans de nouvelles indications plus «sérieuses».

Depuis sa commercialisation en 1998, le Viagra a connu un succès planétaire (7 milliards de dollars de ventes) avec 35 millions d'utilisateurs dans le monde. Le marché des troubles de l'érection en France a connu entre 2005 et 2006 une progression de 23 %, pour atteindre 123 millions d'euros de chiffre d'affaires. Au total, ce sont près de 1,6 million de boîtes de Viagra (Pfizer) ou de ses concurrents Cialis (Eli Lilly) et Levitra (Bayer) qui se sont vendues dans l'Hexagone.

Or voici que l'on découvre au Viagra des vertus pharmacolo­giques d'une tout autre envergure que le simple dépannage sexuel : la dernière en date est publiée dans les Annales de l'académie nationale américaine des sciences (Pnas) du 12 mai. Des souris atteintes de myopathie (dystrophie musculaire) ont eu leur cœur malade protégé par des injections quotidiennes de Viagra sous la peau. Dans cette maladie génétique se caractérisant par une faiblesse et une dégénérescence progressive des muscles volontaires qui contrôlent les mouvements, le muscle car­diaque est également touché. L'équipe de Mike Khairallah (Montreal Heart Institute) avait déjà montré en 2001, chez les mêmes souris (modèles de la maladie humaine), dès l'âge de 8 à 10 semaines, et alors qu'aucun signe avant-coureur n'est visible sur le cœur, que ce dernier est déjà vulnérable et ne résiste pas longtemps à une charge de travail importante.

Protection des cellules cardiaques

Ces cœurs déficients ont, de plus, des caractéristiques métaboliques et fonctionnelles anormales, qui annoncent en silence la défaillance cardiaque ultime. Une des molécules énergétiques indispensables au fonctionnement cardiaque normal (appelée GMPc) n'est pas formée en assez grande quantité chez ces souris.

Or l'étude publiée hier montre que l'utilisation du Viagra (Sildénafil) est d'une grande efficacité pour restaurer la production de cette molécule énergétique. Du coup, non seulement les cellules cardiaques sont protégées contre les dégâts mécaniques, mais le Viagra préserve également la santé des mitochondries, ces organites de la «respiration» de la cellule. Enfin, la pilule bleue de l'amour prévient la détérioration des performances de la contraction cardiaque, habituellement observée chez ces souris quand elles vieillissent. Selon les auteurs, étant donné la bonne tolérance pharmacologique du Viagra depuis sa commercialisation, des essais cliniques de prévention, voire de traitement des cardiomyopathies des maladies musculaires, devraient pouvoir être rapidement organisés chez des sujets humains.

Une autre utilisation «lourde» du Viagra est envisagée, le traitement d'une maladie rare et mortelle, l'hypertension artérielle pulmonaire. Elle peut être due à des maladies du poumon ou survenir après une chirurgie réparatrice d'anomalies anatomiques cardiaques congénitales. La résistance normale des vaisseaux du poumon augmente peu à peu. Le muscle cardiaque du cœur droit (oreillette et ventricule droits) s'épuise peu à peu à lutter contre elle, la défaillance du ventricule droit suit, ainsi qu'une mort prématurée. Une étude parue en 2005 dans le New England Journal of Medicine a comparé chez 278 malades répartis en plusieurs groupes, l'effet de doses croissantes de Viagra avec un placebo. Le Viagra a significativement amélioré le périmètre de marche, la plus grande amélioration cli­nique survenant chez les malades les plus gravement atteints. Le Viagra pourrait devenir le cinquième médicament utile dans cette pathologie.

   

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