commentaire de Patrick JANKIELEWICZ :le démocrate

Le démocrate : « Bonjour monsieur le dictateur. Au nom de l’amitié et de la fraternité entre les peuples, je vous propose l’aide de mon pays dans la catastrophe qui accable votre nation. » Le dictateur : « Catastrophe ? De quoi parlez-vous ? » – « Eh bien, euh, le cyclone Nargis… – Quel cyclone ?
– … – Je ne vois pas… – Enfin, vous savez bien, les inondations, les maisons envolées, fracassées, pulvérisées, les vingt-trois mille morts qui sont peut-être cent mille, les quarante-deux mille disparus, les centaines de milliers de réfugiés… – Où ça ?
– Au Sud.

– Au Sud, je le saurais !
– Vous plaisantez ?
– J’en ai l’air ?
– M’enfin, les images de CNN… – Propagande impérialiste et néocolonialiste !
– Les corps en état de décomposition flottant dans l’eau saumâtre ?
– Propagande !
– Les témoignages de touristes ?
– Ah, vous voulez parler de cette petite tempête qu’on a essuyée ? C’est courant dans la région, vous savez. Les gens du Sud ont l’habitude, ils sont coriaces, ce sont des paysans fiers et robustes, ils en ont vu d’autres. Ils n’ont besoin de rien, ou de si peu que nous y arriverons bien tout seuls.
– Et les risques d’épidémie ?
– Vous nous prenez pour une sous-nation ? Nous maîtrisons parfaitement la situation.
– Mais vos hôpitaux sont dans un état… – … excellent. À la pointe, rien à envier aux vôtres !
– Vous êtes sûrs ?
– Nous sommes un État souverain. Nous savons ce qui est le mieux pour notre peuple. Ne jugez pas avec vos yeux d’Occidentaux. Vous ne savez plus ce qu’est la nature, vous avez peur d’un orage. Nous, nous faisons face aux éléments. la mentalité ici n’est pas la même. Nous faisons au mieux. Et, d’ailleurs, à propos, dites bien à vos journalistes que si le peuple était mûr pour la démocratie, nous l’aurions imposée de force depuis bien longtemps. La preuve : nous maintenons notre référendum, c’est dire si la situation est gérée.
– Certes, certes, mais… Vous n’avez pas besoin d’un peu de matériel quand même ?
– Si vous voulez, déposez tout en bout de piste de l’aéroport, on s’en occupera. Mais tout va bien ici vous savez, nous, on n’a pas besoin de Restos du coeur… Ah ! ah ! ah !
– Soit, après tout, c’est votre pays, c’est vous qui savez, effectivement. On ne va pas vous forcer à accepter de l’aide. Mais sachez que vous pouvez compter sur nous si vous manquez de quoi que ce soit.
– C’est enregistré. On fera appel à vous si on a besoin de… votre technologie pour créer des centrales nucléaires, et si on décide de fabriquer LA bombe.
Car vous savez, on est menacés, tout le monde nous en veut ; la Chine, l’Inde… Et eux, ils l’ont, LA bombe ! Alors pourquoi pas nous ? Vous ne croyez pas que c’est plus important qu’une vulgaire tempête ? »  • 

Le commentaire de Patrick  JANKIELEWICZ

la voix du nord  10/ 05/08