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Gauche ouvrière et chrétienne
13 avril 2008

A Orvault, les ingénieurs d'Alcatel-Lucent inquiets

REUTERS | 11.04.2008

Par Guillaume Frouin

ORVAULT, Loire-Atlantique (Reuters) - Un an après leur forte mobilisation contre la délocalisation des activités de recherche et développement, "l'inquiétude" prédomine toujours chez les ingénieurs d'Alcatel-Lucent, constate François Chérèque, secrétaire général de la CFDT.

Confronté à la concurrence des chinois dans l'industrie des télécoms, le groupe constitué en décembre 2006 par la fusion du français Alcatel et de l'américain Lucent a accusé l'année dernière une perte nette de 3,5 milliards d'euros et a vu son action chuter de près de 80% depuis le début 2007.

"Ce qui les inquiète le plus, c'est la concurrence de la Chine", a déclaré le secrétaire général de la CFDT, syndicat majoritaire chez l'équipementier télécoms, après une rencontre avec ses adhérents du site d'Orvault (Loire-Atlantique), près de Nantes.

L'ensemble Orvault-Rennes, spécialisé dans la recherche et développement, qui comptait 800 salariés il y a un an, en aura perdu 130 d'ici l'année prochaine.

"Depuis un an, l'Etat a fait des efforts, avec le plan universités, mais il faut aller plus loin", a déclaré François Chérèque. "Alors que l'Allemagne avait les mêmes difficultés il y a 15 ans, elle a su investir dans la recherche et la formation supérieure. Ce choix gagnant, la France n'a pas su le faire. Notre pays ne sait pas anticiper les problèmes : chez nous, ce n'est qu'après un accident de la route qu'on modifie la chaussée."

Alcatel-Lucent, qui a supprimé un millier d'emplois en France en 2007 pour ramener ses effectifs à 11.700 au 31 décembre, a annoncé le 1er février la suppression de 400 postes supplémentaires, sous la forme de départs volontaires dans le cadre de son plan d'économies annoncé en octobre 2007. l'équipementier avait à cette occasion relevé son plan de réductions de coûts de 1,7 à 2,1 milliards d'euros d'ici 2009, avec la clé 4.000 suppressions d'emplois supplémentaires dans le monde, en plus des 12.500 déjà annoncées en février 2007.

L'ESPOIR DES "ACTIVITES INNOVANTES"

Dans les deux antennes de l'établissement d'Orvault, le site de Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine), qui emploie 55 personnes, va fermer d'ici à la fin de l'année, tandis que celui de Saint-Grégoire (Ille-et-Vilaine), dans la périphérie nord de Rennes, va voir ses effectifs passer de 150 à 100 personnes d'ici à juin 2009.

S'y ajouteront les 25 suppressions de postes annoncées pour l'ensemble Orvault-Rennes en février.

"On peut craindre l'an prochain un troisième plan social en trois ans", redoute déjà Marc Lohézic, délégué syndical CFDT de l'établissement d'Orvault. "C'est la seule méthode de gestion que connaît Patricia Russo", a-t-il ajouté, faisant référence à la directrice générale de l'équipementier télécoms issue de Lucent.

"Il n'y a pas eu de licenciements secs, tous les départs étant pour le moment volontaires (cessations d'activité anticipées, reconversions, etc.)", a-t-il cependant noté.

Seule lueur d'espoir, l'établissement d'Orvault s'est vu confier des "activités innovantes", notamment dans le domaine du WiMax (connexion internet haut débit sans fil).

"C'est une petite bouffée d'oxygène, car il y a un an, on ne voyait aucun avenir au site", résume Marc Lohézic. "Pour autant, nous ne sommes pas complètement apaisés: avec la gestion actuelle de Alcatel-Lucent, nous avons des inquiétudes à moyen et long terme pour nos emplois au niveau national".

Guillaume Frouin

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