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Gauche ouvrière et chrétienne
31 mars 2008

Liba : Joumblat: "Ne pas blanchir un régime d'assassins!"

Samedi 29 Mars 2008

Propos recueillis par Elise SIEGEL, à Beyrouth
Le Journal du Dimanche

Accueillant samedi un sommet arabe boycotté par les principaux alliés de Washington, la Syrie s'est défendue de toute ingérence dans la crise libanaise. Pourtant, depuis Beyrouth, Walid Joumblat, chef du parti socialiste progressiste (majorité libanaise antisyrienne), revient pour le JDD sur les raisons du boycott. Il ne manque pas, en outre, d'écorcher la diplomatie française.

"Le régime syrien est à l'origine des attentats perpétrés au Liban, il est le principal convoyeur de fonds et d'armes du Hezbollah, il viole nos frontières au détriment de notre souveraineté, il encourage l'opposition libanaise - en fait, une opposition irano-syrienne - à refuser l'Etat, et enfin, il a entravé le processus de l'élection présidentielle après avoir ordonné la fermeture du Parlement. Ce sont là des raisons suffisantes pour ne pas aller à Damas. Y aller revenait à blanchir ce régime d'assassins et à participer au folklore du sommet arabe." Ces propos très durs sont ceux de Walid Joumblat, chef du parti socialiste progressiste et député de la majorité libanaise antisyrienne. Entretien.

La Syrie a déclaré que le gouvernement libanais ratait là "une occasion en or" et a mis en cause les Etats-Unis...
Je ne vois pas où est l'occasion en or dans un dialogue avec un régime dictatorial qui ne cesse de violer l'Etat libanais. Les Syriens ont par ailleurs cette manie de toujours accuser les Américains en attendant le moment propice pour se mettre à genoux devant eux! Leur jeu consiste à attendre la fin du mandat de George Bush pour ensuite engager un dialogue avec les Américains au désavantage du Liban.

Ce sommet n'aurait-il pas pu fournir une tribune au Liban?
Une tribune? Comme s'il y avait encore des tribunes dans le monde arabe! La Ligue arabe a présenté, début janvier, une initiative pour résoudre la crise libanaise et parvenir à l'élection d'un président. Elle a été sabotée par l'opposition libanaise et les Syriens. Le monde arabe est aujourd'hui divisé entre les Etats qui tiennent à leur "arabité" et ceux qui sont dans la sphère d'influence de l'Empire perse, l'Empire iranien, au premier rang desquels la Syrie.

Comment jugez-vous les efforts de médiation de la France?
La réunion de La Celle-Saint-Cloud, en 2007, a seulement contribué à légaliser la présence du Hezbollah à Paris, sans obtenir aucune contrepartie de ce parti. Cette initiative n'était donc pas très intelligente. Plus globalement, il semble que la France ait plusieurs politiques étrangères, plusieurs émissaires. D'un côté, on nous envoie Bernard Kouchner; de l'autre, Claude Guéant. Une sorte de politique à tête multiple. Ça ne mène à rien.

Précisément, que pensez-vous de l'envoi de Claude Guéant?
Quand on engage un dialogue avec une dictature, surtout la syrienne, c'est la Syrie qui gagne. Il ne faut pas parler avec les dictatures, il faut les abattre.

Mais Nicolas Sarkozy a récemment dénoncé les interférences dans les affaires du Liban...
D'accord, mais quelles sont les pressions que la France et l'Europe exercent aujourd'hui de façon efficace sur la Syrie? Où sont les sanctions économiques? le boycott diplomatique?

Craignez-vous un regain de tensions au Liban après le sommet arabe?
Oui, peut-être la Syrie avait-elle un peu calmé le jeu avant le sommet pour dire: "Nous ne sommes pas aussi barbares que vous le pensez." Après le sommet, Damas aura de nouveau les mains libres. Tant que le régime syrien est à l'aise, tant qu'il n'y a pas de véritables sanctions contre la Syrie, il n'y aura pas de paix au Liban.

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