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Gauche ouvrière et chrétienne
1 mars 2008

Le président Biya siffle la fin des émeutes

De notre correspondante à Yaoundé Fanny Pigeaud

QUOTIDIEN : vendredi 29 février 2008

Ceux qui commencent à se risquer à rouler dans certains quartiers de Douala ne le font pas sans allumer leurs feux de détresse. «Ça permet de faire croire qu’on est en service commandé afin d’intimider les éventuels groupes de casseurs», explique un habitant de la capitale économique camerounaise.

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Groggy. Hier, les piétons sont sortis plus nombreux que la veille dans les rues encore encombrées de restes de pneus brûlés et des opérations de casse et de pillages. Après la crise qui a embrasé plusieurs villes du pays depuis lundi, provoquant la mort d’au moins 17 personnes dans des affrontements avec les forces de l’ordre, la tension semblait être en partie retombée hier au Cameroun. Il a fallu que le président Paul Biya, 75 ans, sorte de son mutisme habituel. Dans une courte déclaration radiotélévisée, celui que l’on surnomme «l’homme lion» a rappelé qui était le chef. Il a promis d’utiliser «tous les moyens légaux» pour rétablir l’ordre.

De fait, jeudi matin, l’armée camerounaise a pris position aux principaux carrefours de Yaoundé, la capitale politique, tandis qu’à Douala, après une nuit très mouvementée dans certains quartiers, les derniers attroupements ont été également dispersés par l’armée qui a tiré en l’air. «Le Président a renvoyé chacun chez soi», commente, désabusé, un habitant. «Il nous a tous insultés avec ce discours, s’indigne une militante des droits de l’homme, groggy. Il n’a pas parlé des problèmes graves qui ont jeté les gens dans la rue et n’a rien donné pour les améliorer.»

Déstabilisation. Pas une allusion aux protestations contre la vie chère, exit celles contre le projet de révision de la Constitution qui permettrait au Président, au pouvoir depuis 1982, de se représenter en 2011 qui ont jeté une partie des Camerounais dans la rue. Devant leur bière, les clients d’un des rares bars ouverts de Douala ont encore du mal à comprendre ce qu’il a voulu dire. «Biya a gagné, c’est le suprême ! Il va pouvoir faire passer la révision de la Constitution sans problème, il a désormais le champ libre, assure, admiratif, l’un d’entre eux. On ne comprend pas ce que le Président a voulu dire et à qui il s’adressait», commente un responsable du Social Democratic Front (SDF). Principal parti d’opposition, le SDF estimait la veille qu’une tentative de déstabilisation du régime, venue de membres du parti au pouvoir, était en cours.

Le bilan humain et matériel de la crise sera «probablement très lourd», a prévenu le chef de l’Etat. A Douala, les hôpitaux sont débordés, au bord de la rupture en stock de médicaments. «Quel que soit le bilan, l’avenir se présente mal. Il y aura toujours du désordre au Cameroun, tant que la majorité vivra dans la pauvreté tandis qu’une poignée s’enrichit sans vergogne»,commentait hier un journaliste camerounais.

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