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Gauche ouvrière et chrétienne
17 janvier 2008

Laïcité: Sarkozy persiste et signe

AP | 17.01.2008 | 20:28

Nicolas Sarkozy a développé jeudi lors de ses voeux aux autorités religieuses sa conception d'une laïcité ouverte après la polémique provoquée par ses récents discours de Rome et Riyad.

"Le président a réaffirmé son attachement au principe de la laïcité, qui est un principe de respect de toutes les croyances et non un combat contre les religions", a rapporté le porte-parole de l'Elysée David Martinon dans une déclaration à la presse à l'issue de cette cérémonie à huis clos.

"La reconnaissance du sentiment religieux comme une expression de la liberté de conscience et (...) comme un fait de civilisation font partie, au même titre que la reconnaissance de l'héritage des Lumières, de notre pacte républicain et de notre identité", a ajouté le porte-parole.

Les représentants des six principales religions pratiquées en France, catholique, protestante, orthodoxe, musulmane, juive et, grande première, bouddhiste, ont salué la nouvelle vision de la laïcité développée par le chef de l'Etat.

"Pour moi, la laïcité c'est le respect des croyances et des libertés de tous, c'est une ouverture qui est positive en ce sens", a déclaré le cardinal André Vingt-Trois.

"Il nous a expliqué que sa position n'était pas circonstancielle, mais pensée, mesurée", a renchéri Dalil Boubakeur. Pour le recteur de la mosquée de Paris, la vision globale de M. Sarkozy "inclut la religion dans ce qu'elle a de tolérant".

Dans la matinée, M. Sarkozy s'était déjà défendu de remettre en cause la laïcité. "Je sais qu'on m'accuse beaucoup de trop m'intéresser à la religion, mais je pense qu'on peut respecter ceux qui veulent aller à la messe et ouvrir les bibliothèques le dimanche", a déclaré le chef de l'Etat lors de ses voeux aux forces de la Nation. "Ce n'est pas absolument contradictoire. Je ne mets pas en cela gravement en cause la laïcité", a-t-il ajouté.

Dans un discours prononcé le 20 décembre à l'occasion de son installation comme chanoine d'honneur de la basilique Saint-Jean de Latran, titre honorifique décerné aux présidents de la République française, Nicolas Sarkozy avait appelé de ses voeux "l'avènement d'une laïcité positive" qui, "tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout".

"Un homme qui croit est un homme qui espère", et "l'intérêt de la République c'est qu'il y ait beaucoup d'hommes et de femmes qui espèrent", avait notamment déclaré le chef de l'Etat.

Il a récidivé lundi à Riyad (Arabie saoudite) en célébrant dans un discours devant le conseil consultatif du royaume wahhabite "Dieu transcendant qui est dans la pensée et dans le coeur de chaque homme", "Dieu qui n'asservit pas l'homme mais le libère". Alors que son discours de Latran s'adressait aux catholiques, M. Sarkozy a rappelé son "devoir" de "faire en sorte que chacun, qu'il soit juif, protestant, musulman, athée, franc-maçon ou rationaliste, se sente heureux de vivre en France".

Cette conception, déjà développée par M. Sarkozy dans un livre, "La République, les religions, l'espérance", publié en 2004, a été dénoncée par la gauche, mais aussi par le président du MoDem François Bayrou, comme une remise en cause de la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat, pierre angulaire de la laïcité.

"Le président de la République n'a pas à imposer ses croyances privées à la République", a estimé jeudi le socialiste Laurent Fabius, invitant Nicolas Sarkozy à "s'en tenir à la version traditionnelle de la laïcité".

Les franc-maçons, qui n'étaient pas conviés à l'Elysée, ont eux aussi jugé le discours de Riyad "très inquiétant". "Ces interventions risquent de radicaliser les positions et de relancer une forme d'anticléricalisme", estime dans "Le Monde" Jean-Michel Quillardet, Grand maître du Grand orient de France. AP

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