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Gauche ouvrière et chrétienne
28 décembre 2007

L'introduction du salaire minimum généralisé gagne du terrain outre-Rhin

LE MONDE | 28.12.07

BERLIN CORRESPONDANCE








Le débat sur le salaire minimum rebondit outre-Rhin à l'approche des élections régionales en Hesse et en Basse-Saxe, premier test électoral pour les deux grands partis de la coalition de la chancelière Angela Merkel - les chrétiens et les sociaux-démocrates - qui s'y affronteront le 27 janvier prochain.

Fort de l'accord obtenu sur l'introduction d'un salaire minimum dans les services postaux, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2008 dans la branche postale, le Parti social-démocrate (SPD) poursuit son offensive sur ce terrain. Il a prévu de lancer, le 2 janvier prochain, une pétition en Hesse en faveur de l'introduction d'un salaire minimum généralisé. A son initiative, le gouvernement avait convenu en juin dernier d'étendre une législation sur le salaire minimum en vigueur dans le bâtiment à d'autres branches. Les fédérations de branche ont jusqu'au 31 mars 2008 pour négocier un minimum salarial, qui sera ensuite validé par le gouvernement fédéral.

MODÈLE BRITANNIQUE

Un premier résultat a été obtenu pour le secteur de la poste après de longs mois de négociations. L'Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti de la chancelière, avait fini par accepter à contre-coeur un salaire minimum horaire de 9,80 euros à l'ouest dans ce secteur. Désormais, le SPD souhaite aller plus loin et mettre en place une législation inspirée du modèle britannique où le revenu minimum est fixé par une commission composée d'experts, de représentants des salariés et des patrons. Sur ce dossier, les chrétiens-démocrates semblent manquer de stratégie. Ils refusent un salaire minimum généralisé, mais veulent mettre "des limites aux salaires les plus bas".

Certains économistes, à l'image du président de l'institut munichois Ifo, Hans Werner Sinn, regrettent que la CDU ait contribué à faire du salaire minimum une revendication acceptable. D'autres experts, dont le professeur Bert Rürup, qui dirige une commission chargée de conseiller le gouvernement en matière économique, pousse la CDU à aller plus loin en acceptant un salaire minimum unique. Mais M. Rürup préconise un revenu horaire de 4,50 euros, bien en dessous des 7,50 euros exigés par la fédération des syndicats allemands (DGB) et le SPD. Côté patronat, les esprits évoluent aussi. Plusieurs fédérations patronales - les représentants des entreprises de surveillance et de sécurité, de traitement des déchets et du travail temporaire - viennent de réclamer des minimums salariaux.

La chancelière, toujours très populaire, a conscience de la portée sociale de ce débat et tente elle aussi d'occuper le terrain. Selon un sondage de l'institut Forsa publié le 26 décembre, elle serait élue avec 55 % de voix s'il y avait une élection directe et son parti est crédité de 38 % d'intentions de vote, contre 26 % au SPD. Mais beaucoup d'Allemands ont le sentiment de ne pas profiter de la relance de la conjoncture depuis 2006 et restent très sensibles aux thèmes de la justice sociale, comme en témoigne la popularité du combat des conducteurs de locomotives. Depuis plusieurs mois, le syndicat GDL tente d'obtenir de meilleures conditions salariales.

La croissance devrait se poursuivre en 2008, quoiqu'à un rythme plus faible. Le gouvernement, qui prévoyait 2 % d'augmentation du PIB, va revoir son pronostic à la baisse, selon le ministre de l'économie. La banque centrale allemande table désormais sur 1,6 %, et l'Organisation de coopération et de développement économiques sur 1,8 %.

Cécile Calla

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