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Gauche ouvrière et chrétienne
28 mai 2007

On classe bien les cités HLM

Si tous les Hlms ,qu'ils soient des banlieues des grandes villes ou les autres,avaient été conçus dans le même style,mais aussi en mieux,que ceux des années 30 ou 89 ,l'intégration et le bien être de tous seraient acquis et si le mixage de toutes catégories de locataires avait été respecté  la vie ,l'ambiance des banlieues ne seraient surement pas les mêmes qu' actuellement.
Mais,à partir de 70 ,il y a été préféré la construction de"niches à lapins" pour pouvoir entasser le plus possible de personnes sans se soucier des conséquences  humaines et environnementales et sociales

Le Président de la G.O.C.


                       

logement social . Le square Dufourmantelle, une cité HLM des années trente de Maisons-Alfort (Val-de-Marne), vient d’être classé aux Monuments historiques. Une leçon à méditer.

                                         

Le square Dufourmantelle à Maisons-Alfort (Val-de-Marne) a été inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques par la commission régionale du patrimoine et des sites le 29 mars dernier. Cette cité bâtie au début des années trente par deux architectes prix de Rome à l’initiative de l’Office départemental des habitations à bon marché de la Seine est, avec les cités-jardins, un des premiers programmes d’envergure de logement social en France. Les 560 appartements du square Dufourmantelle disposent en effet pour la première fois en France d’une salle d’eau et d’une cuisine séparées. Cet ensemble de briques rouges supporté par des fondations en béton armé préfigure les cités-jardins quelques années plus tard, avec des cours intérieures paysagères. Sorte de troisième voie entre le style classique et le mouvement moderne, les nouveaux logements sociaux des années trente prônés par Henri Sellier, le président de l’ODHBM de la Seine, inaugurent un ensemble de cités uniques qui n’auront malheureusement pas de suite. Après-guerre, on passe en effet directement à la série des grands ensembles dont on sait ce qu’ils sont devenus.

des ensembles

de grandes

qualité

Les cités HLM des années trente n’ont pas eu de suite mais elles ont survécu à la pression foncière et immobilière et à la manie de la modernisation, souvent synonyme de destruction. Un miracle ? Pas tout à fait. « C’étaient des ensembles de grande qualité. Le square Dufourmantelle par exemple se distingue par la qualité de ses revêtements, la brique notamment qui n’a pas bougé », explique Patrick Ubrain, directeur du conseil d’architecture et d’urbanisme (CAUE) du Val-de-Marne (1). « Il y avait à l’époque des maîtres d’ouvrage éclairés, Henri Sellier à leur tête, qui raisonnaient en termes de quantité mais surtout de qualité », ajoute-t-il. Elles se distinguent par une organisation complexe, diversifiée, qui peut aller jusqu’à valoriser une ville de banlieue. Avant le square Dufourmantelle de Maisons-Alfort, quelques cités-jardins avaient été inscrites au patrimoine des Monuments historiques. La cité de la Butte-Rouge à Châtenay-Malabry doit son classement à l’architecte urbaniste Roland Castro qui réussit au début du mandat de François Mitterrand à lui faire visiter la cité-jardin et à fonder Banlieues 89, la première marche significative de la politique de la ville.

Avec le classement de ces cités, le paradoxe de notre époque se révèle au grand jour. Alors qu’aujourd’hui on met en oeuvre une politique de démolition-reconstruction, on se tourne vers ces ensembles de logements sociaux datant de soixante-dix ans, du temps où des responsables politiques réalisaient leurs utopies. Roland Castro raconte ce retour vers le passé, si enrichissant : « Ma première conférence sur l’urbanisme, il y a trente ans, c’était "l’Avenir du passé". J’ai convaincu François Mitterrand de lancer Banlieues 89 en l’emmenant à Châtenay-Malabry, pour lui montrer une cité avec beaucoup de logements, extraordinairement bien faits, dans un cadre agréable, et le même nombre de logements, sur la même surface de terrain aux 4 000 de la Courneuve, catastrophique. C’est une belle leçon. » Le mouvement des cités-jardins, porté au début du XXe siècle par des réformateurs libéraux hygiénistes, avait pour but de rendre le système capitaliste plus efficace. Construire la ville à la campagne, comme la première cité de Lechtworth, à cinquante kilomètres de Londres. La France a repris le principe mais en implantant les cités-jardins en banlieue. Encouragé par les municipalités socialistes et communistes, le mouvement avait une ambition politique et sociale progressiste, pour un urbanisme social. Les fondateurs de l’Association des cités-jardins de France, Georges Benoît-Lévy et Charles Gide, étaient des proches de Jean Jaurès. Leur disciple, le socialiste Henri Sellier, maire de Suresnes en 1919, bâtit la première cité-jardin dans sa ville au début des années trente. Devenu président de l’office des HBM de la Seine, il achète des terrains et fait bâtir à Stains, Champigny, puis aux Lilas, à Gennevilliers, Drancy. Les architectes sont des lauréats des concours de la Ville de Paris. La cité-jardin de Suresnes, classée depuis 1985, offre dès le début des équipements que les cités HLM des années soixante n’ont obtenus qu’au prix de longues luttes : des écoles, une église, une piscine, un collège et même... un théâtre ! À Châtenay-Malabry, plusieurs générations sont nées à la « Maternité heureuse ».

une solution

à l’expansion

des grandes villes

Les cités HLM des années trente offrent une formidable leçon aux bâtisseurs contemporains mais elles n’ont jamais été reproduites. « Conçues pour être une solution à l’expansion des grandes villes, les cités-jardins n’ont pas été capables de se continuer et de se reproduire jusqu’à organiser le corps de la grande ville. Elles n’ont pas su constituer un modèle alternatif à la banlieue », écrit Ginette Baty-Tornikian dans son ouvrage Cités-jardins : genèse et actualité d’une utopie (édité par les Cahiers de l’IPRAUS, Institut parisien architecture urbanisme société). L’implantation de ces ensembles dans des lieux souvent éloignés des centres de production a contribué à vider Paris de sa population ouvrière, même si les bâtisseurs des cités-jardins souhaitaient une mixité sociale. Elle a assurément participé à cette « crise des transports » que dénonçait Le Corbusier en 1928 ! Crise qui n’est toujours pas résolue.

des modèles

pour les jeunes architectes

Le classement contemporain de ces cités des années trente est, de fait, une reconnaissance de leur singularité. Donc impossible à reproduire. Des lieux à part « qui gardent dans leur paysage de la beauté et du mystère dans lesquels ceux qui habitent détiennent le sentiment d’y vivre quelque chose de particulier », écrivent les architectes-paysagistes Carole Werquier et Alain Demangeon en conclusion du livre de Ginette Baty-Tornikian. Les cités-jardins reviennent de loin. Exclues par l’idéologie fonctionnaliste jusqu’à la fin des années soixante-dix, elles ont été laissées à l’abandon, dévalorisées, des lieux pour les populations pauvres. Elles ont finalement survécu et deviennent des modèles pour une nouvelle génération de jeunes architectes. Sans construire la même chose, « on peut faire mieux aujourd’hui, dit Roland Castro. On a le savoir-faire. On sait surtout ce qu’il ne faut plus faire ».

(1) Le CAUE du Val-de-Marne édite la brochure Modernité

en banlieue rouge dans

les années trente, dont

le premier tome est consacré

à Maisons-Alfort. Le conseil prépare également pour l’été 2007, en coopération avec

le Centre Pompidou,

une série de visites de lieux emblématiques de la banlieue, dont le square Dufourmantelle, menées par des jeunes

habitant les quartiers visités.

Jacques Moran

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