La terreur au quotidien au Darfour
Quand l'ONU,les Américains,la France,l'UE vont elles réagir,agir pour faire cesser tous ces viols,ces assassinats?
Kouchner a dis que le Darfour était une de ses priorités ,mais à part de dire qu'il essayerait de provoquer une réunion sur ce sujet,il ne bouge même pas le petit doigt.
le Président de la G.O.C.
KALMA, Soudan
(AP) - Au Darfour, dans l'ouest du Soudan, la violence est tristement
banale, comme en témoigne le calvaire vécu récemment par sept femmes
qui s'étaient aventurées en dehors de leur camp de déplacés pour
ramasser du bois, espérant le vendre pour récolter de l'argent leur
permettant de nourrir leurs familles. Au lieu de ça, dans une zone
boisée où elles s'étaient risquées pendant quelques heures, elles ont
été violées, battues et dévalisées. Ces femmes, qui avaient
collecté de l'argent pour louer un âne et une charrette, ont regagné
comme elles pouvaient le camp de Kalma, nues, et complètement
effondrées. "Pendant tout le temps que ça a duré, je pensais: ils tuent
mon bébé, ils tuent mon bébé", gémit Aïcha, qui était alors enceinte de
sept mois. Les sept femmes n'ont aucun doute sur les auteurs
de ces violences. Pour elles, les chameaux de ces hommes et les
uniformes qu'ils portaient constituent une preuve: il s'agit de
miliciens janjaweed, ces miliciens arabes accusés de terroriser les
villageois, essentiellement des noirs, de la région soudanaise du
Darfour. Leur histoire, racontée à un journaliste d'Associated
Press et confirmée par d'autres femmes et des travailleurs humanitaires
dans le camp, donne un aperçu de l'enfer que le Darfour est devenu,
alors que le gouvernement dominé par les arabes combat une rébellion
entretenue par les problèmes de discrimination que vit toute une partie
de la population. Le conflit, qui est dans sa quatrième année,
est devenu la pire crise humanitaire dans le monde, et le viol en est
une des tragiques conséquences, selon l'ONU et d'autres militants des droits de l'homme. Accusé
de soutenir les milices, le gouvernement du Soudan assure qu'il n'arme
pas, ni n'encourage les janjaweed, et se hérisse face aux allégations
de viols, affirmant que la société soudanaise, conservatrice et
musulmane, ne tolérerait jamais ça. Khartoum a accepté le
déploiement de 3.000 soldats de l'ONU chargés du maintien de la paix,
mais pas des 22.000 mandatés par le Conseil de sécurité de l'ONU. Le
déploiement pourrait prendre des mois et des villageois craignent que
le gouvernement veuille se débarrasser de tous les témoins des
atrocités avant l'arrivée des forces de maintien de la paix. Depuis
le début du conflit, plus de 200.000 civils sont morts et 2,5 millions
sont sans-abri, sur une population de six millions de personnes au
Darfour, selon l'ONU. Un rapport de la Cour pénale internationale
(CPI), en février, a évoqué des "viols collectifs de civils qui
n'auraient jamais participé à un conflit armé". Kalma est un
microcosme de la misère, un camp où quelque 100.000 réfugiés
s'entassent dans des huttes en terre et des tentes rudimentaires en
plastique. Les armes à feu y sont si nombreuses que les forces de
maintien de la paix de l'Union africaine, dépassées, ont quitté les
lieux depuis longtemps, incapables de protéger la population. Toute
personne qui s'aventure hors du camp doit penser au risque que
constituent les janjaweed, comme le prouve l'histoire d'Aïcha et de ses
amies. Au Soudan, comme dans beaucoup de pays musulmans, la
société considère les violences sexuelles comme un déshonneur pour
toute la famille de la femme concernée. "Les victimes peuvent être
confrontées à un ostracisme terrible", souligne Mahan Muna,
coordinateur de l'ONU sur cette question au Soudan. Certains
travailleurs humanitaires croient que les janjaweed ont recours aux
viols pour intimider les rebelles, leurs partisans et leurs familles.
"C'est une stratégie de guerre", précisait Mahan Muna lors d'un
entretien réalisé récemment à Khartoum, la capitale. Kalma
n'est pas le seul endroit où l'on ait fait état de multiples viols au
Darfour. A 190 kilomètres de là, dans la ville de Mukjar, des femmes
auraient été conduites récemment dans une prison et violées pendant
plusieurs heures par des janjaweed, selon les témoignages de deux
hommes. AP |